La Fribourgeoise Julie Hugo
«Mon témoignage a eu des effets jusqu'au Ministère public»

«J’ai eu l’impression que la justice m’a violé une seconde fois.» Le témoignage de Julie Hugo dans Blick, jeudi, a eu un immense écho. La Fribourgeoise espère que les lignes vont bouger, notamment dans la prise en charge des victimes de violences sexuelles.
Publié: 15.04.2023 à 18:00 heures
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Dernière mise à jour: 15.04.2023 à 19:25 heures
Julie Hugo a témoigné «en soutien de toutes les victimes de viol».
Photo: GABRIEL MONNET
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Adrien SchnarrenbergerJournaliste Blick

«Plusieurs centaines de messages, si ce n’est plus. J’en ai eu jusqu’à deux heures du matin!» Après seize mois de procédure où elle a vécu la solitude au point d’avoir «des idées noires», Julie Hugo est portée par une vague depuis son témoignage à visage découvert, jeudi dans Blick.

Une vague violette, tant sa parole a eu d’écho au sein de la communauté féministe, mais pas seulement. «Il y a des victimes qui n’ont jamais osé parler et m’ont dit que ma démarche leur donnait la force nécessaire pour parler. J’ai pu les orienter, explique la Fribourgeoise. Et beaucoup de témoignages de personnes qui accompagnent des victimes m’ont montré que ma réalité était celle de tant d’autres personnes.»

Plus marquant encore, Julie Hugo a été contactée par des membres de l’appareil judiciaire, notamment du Ministère public. «Mon témoignage les a poussés à réfléchir sur ce qui était des réflexes et des procédures qu’ils considéraient jusqu’ici comme standard», explique la chanteuse.

Un téléphone du chef de la police

La Fribourgeoise espère continuer à mettre sa voix au service de cette cause, avec un contact le plus direct possible avec les principaux concernés. Il y a une vraie demande en ce sens, estime Julie Hugo. «Un jour, j’en ai eu marre que la procédure semble bloquée. J’ai fait une story sur Instagram en taguant la police cantonale, se souvient la mère de famille. Peu après, le téléphone de l’artiste avait sonné. «C’était le commandant de la police de sûreté. J'ai été très surprise, il a été absolument super: il a remis en question la prise en charge des victimes et voulait apprendre de mon cas.»

C’est en partie cet épisode qui a ouvert les yeux de la quadragénaire sur l’importance de témoigner à visage découvert et d’utiliser sa célébrité. Elle se verrait bien participer à des séances d’information avec des procureurs ou des avocats. «J’ai appris qu’en septembre, les Centres d’aide aux victimes romands prévoient des formations avec la justice. J’aimerais beaucoup y participer», explique Julie Hugo, qui fourmille de projets pour faire bouger les lignes. Le groupe de parole Amor Fati, dont elle fait partie, croule sous les demandes depuis la parution de l’article de Blick.

A noter que lors de sa récente session de printemps, le mois dernier, le Parlement a décidé de créer des centres de crise pour les victimes de violences sexuelles. Ces lieux doivent permettre aux victimes de trouver de l'aide médicale et psychologique d'urgence et d'être soutenues par du personnel qualifié et spécialisé.

«Le combat n'est pas gagné»

Mais le combat n'est pas encore gagné, avertit Tamara Funiciello. «Il y a encore beaucoup de pain sur la planche», explique la politicienne de 33 ans, figure de la gauche alémanique. Il faut ainsi mieux former les juges, les policiers ou encore le Ministère public. Car il y a encore des comportements inadéquats vis-à-vis des victimes de violences sexuelles. «Il est primordial que les victimes soient encadrées par du personnel particulièrement sensible aux traumatismes vécus.»

Certes, c'est le travail de la justice de devoir parfois évoquer des faits pénibles à supporter et à revivre. «Mais jusqu'ici, les délits sexuels sont gérés comme n'importe quels autres délits. Cela ne va pas.»

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