Un «beau merdier». C'est ainsi que des habitants inquiets décrivent Vevey sur les réseaux sociaux. Depuis deux semaines, les posts s'enchaînent et relatent l'insécurité de la Riviera vaudoise. Le 19 juin, une violente agression a eu lieu au Jardin Doret. Des jeunes adolescents ont été tabassés, a confirmé la police cantonale.
Depuis, Blick reçoit de nombreux témoignages de Veveysannes et de Veveysans. Leur ville «a changé». À en croire les réseaux, Vevey serait devenue une zone de non-droit. Emballement général ou réalité? Le syndic Yvan Luccarini, élu de la gauche radicale sous la bannière Décroissance-Alternatives, se confie sur ses préoccupations. Interview.
Yvan Luccarini, êtes-vous un syndic inquiet?
Oui, je suis inquiet. C’est inadmissible que les habitants, les travailleurs et les visiteurs se sentent en insécurité à Vevey. D’ailleurs, nous sommes aussi des citoyens, des parents pour certains d’entre nous à la Municipalité et nous partageons les mêmes inquiétudes.
La situation sécuritaire sur la Riviera s’est-elle vraiment détériorée?
Il y a deux volets. Le deal, d’une part, et les agressions gratuites, d’autre part. Les Veveysans nous écrivent et nous abordent sur le terrain pour nous en parler. Il s’agit d’une situation de crise, sans vouloir peindre le diable sur la muraille. Ce n’est pas une situation normale, ni acceptable. Il s’agit d’une priorité tant pour la Municipalité et ses services que pour la police.
Est-il possible de chiffrer cette insécurité?
Il faut s’adresser à la police pour des statistiques précises. Il y a objectivement un problème de vente de drogue, qui n’est pas récent. Et un aspect saisonnier: en été, les gens sont plus volontiers dehors, plus tard également, ce qui peut mener à des affrontements. Il y a aussi une part de subjectivité, mais il ne faut pas ignorer ce sentiment en se disant qu’il n’est pas basé sur des chiffres. Si les citoyens se sentent mal à l’aise, il faut les entendre.
Pourtant, certains accusent la Municipalité de ne rien faire, voire de promouvoir une cohabitation entre habitants et dealers?
C’est totalement faux de dire que la Municipalité ne souhaite pas agir. Nous en parlons en séance chaque semaine. Nous ne voulons pas d’une cohabitation entre dealers et habitants. La présence policière est d’ailleurs renforcée à la gare.
Mais d’où vient ce sentiment?
Peut-être aurions-nous dû mieux communiquer? Ou bien prendre certaines mesures avant d’autres?
Que faites-vous pour que les choses changent?
Nous sommes notamment en contact avec les polices régionale et cantonale. On essaie tout ce qu’on peut et n’ignorons pas les habitants qui nous sollicitent. Nous ne commandons pas la police mais nous sommes derrière elle lorsque nous demandons un renforcement qui nécessite plus de moyen.
Outre le renforcement de la présence policière aux abords de la gare, qu’avez-vous essayé?
Dès fin 2022, nous avons débloqué un budget pour lancer un projet de médiation urbaine. Nous envisageons sérieusement d’installer des caméras de surveillance. On ne sait pas si cela fonctionnera, mais c’est une option et on ne ferme aucune porte. Lorsqu’une mesure n’a pas l’effet escompté, nous en déployons une autre.
Vous sentez-vous désemparé face à cette situation?
Nous explorons plusieurs axes. Par exemple en limitant le deal à une zone restreinte qui permet à toutes et tous de se sentir plus en sécurité. Nous menons aussi des réflexions sur l’espace public et sur la prévention, en plus de l’aspect purement sécuritaire. Nous travaillons sur tous ces points.