A Genève, Mariah Carey résonne au marché de Noël. Mais le fait que la musique reste interdite pendant les fêtes sur les terrasses des cafés et des bars agace. En ce 24 décembre, Blick apprend que la Fédération des bars genevois, soutenue par les jeunes de droite côté UDC et PLR, demandent à la conseillère administrative Marie Barbey-Chappuis (Le Centre) de revenir sur ce qu'ils estiment être sa décision.
Une pétition, lancée fin octobre et réunissant 540 signatures, a prié le Conseil administratif d'autoriser les établissements à organiser des animations et à diffuser de la musique pendant les fêtes de fin d'année. Mais la démarche n'a pas abouti. La raison? Le texte présenté le 2 décembre à la commission concernée n'a pas eu de traitement de faveur et reste «en traitement au sein du Conseil municipal, explique Marie Barbey-Chappuis. Pour elle, «il y a un processus démocratique à respecter, n'en déplaise aux jeunes UDC et PLR et à l'auteur de la pétition».
L'initiateur de la pétition et candidat du Mouvement citoyens genevois (MCG) à la mairie de Genève, Skender Salhihi, commente: «A Lausanne, on s’attèle à développer et dynamiser. À Genève, on choisit de casser. Par ses choix, Madame Barbey-Chappuis apparaît comme le meilleur atout du canton de Vaud, au détriment de Genève et de ses habitants, hélas.» Pour la conseillère administrative centriste, de telles mesures risqueraient surtout de «raviver les tensions avec les milliers de riverains qui habitent au-dessus d’une terrasse et n’ont pas nécessairement envie d’avoir de la musique en continu en bas de chez eux.»
Même Lausanne a autorisé
De quoi énerver les tenanciers de terrasses hivernales, surtout que même Lausanne a autorisé les propriétaires à organiser des animations pour les fêtes. «Cette interdiction de musique, c'est la cerise sur le gâteau», soupire Helen Calle-lin, présidente de la fédération des bars genevois. «A Genève, l'ambiance est morose, assène la patronne de la brasserie des Halles de l'Île. Les chiffres d'affaires ne sont pas bons, on ne peut pas engager de jeunes en extra. Et en plus de fermer nos terrasses avant minuit sous peine d'amende, on ne peut pas mettre de musique.»
Le communiqué de presse de la fédération qu'elle préside n'y va pas de main morte: «Cette décision incompréhensible pénalise les professionnels locaux, prive les Genevois d’une ambiance festive et vivante, et offre un avantage injustifié à des villes voisines comme Lausanne.» Pour la professionnelle, Marie Barbey-Chappuis aurait très bien pu «faire ce petit geste festif» envers les bars, restaurants et cafés, mais ne l'a pas fait en raison de «guéguerres personnelles».
«On a l'impression qu'elle n'a aucune sensibilité à la population, et notamment aux jeunes qui n'ont pas les moyens de partir au ski ou en week-end à Barcelone», attaque celle qui dénonce également la «concurrence déloyale» du marché de Noël sur les quais – qui, lui, anime les rues en musique. Marie Barbey-Chappuis répond sur le fond: «Les autorités municipales doivent arbitrer entre des intérêts divergents, à savoir l'animation et la tranquillité publique. La plus-value de la musique en terrasse en plein hiver semble encore à démontrer.»
Une décision électoraliste?
Chez les jeunes UDC et les jeunes PLR, on exprime une «profonde déception» face à une «décision inquiétante pour la restauration genevoise». Pour Jason Detraz, président des jeunes UDC Genève, la responsable est toute trouvée et serait en pleine démarche électoraliste. «Madame Barbey-Chappuis a le pouvoir décisionnel de mettre un dossier à l'ordre du jour plus rapidement qu'un autre. Cela se voit qu'elle veut être réélue, et essaie d'être la plus plate possible, d'ici aux élections, pour s'assurer du soutien politique de la gauche. Pour moi, il s'agit d'un déni de démocratie», déclare le membre l'Union démocratique du Centre (UDC), lui-même candidat au Conseil administratif de Versoix.
Marie Barbey-Chappuis ne l'entend pas de cette oreille: «Il n'y a pas de traitement accéléré en période électorale pour des candidats ou des partis en recherche de visibilité.» A droite, on espère – sans y croire – que le Conseil administratif revienne sur sa décision en urgence pour la dernière semaine de l'année, entre Noël et Nouvel An.
De son côté, Marie Barbey-Chappuis promet dans «20 minutes» de faire «le bilan de l’expérience lausannoise courant 2025 afin d’évaluer la pertinence de cette demande», si tant est qu'elle persiste l'année prochaine. En bref, pour les élus en place comme pour ceux qui voudraient le devenir, les élections à venir à la Ville de Genève sont une petite musique d'avenir qui n'a rien de festive – pas comme «All I Want for Christmas is You», de Mariah Carey.