Le nouveau rapport de synthèse du GIEC, le Groupe d’experts intergouvernemental des Nations unies, dévoilé le lundi 20 mars est très clair: l'apocalypse, n'est pas forcément pour demain, même si le réchauffement climatique causé par l'activité humaine devrait atteindre 1,5 degré par rapport à l'ère pré-industrielle dès les années 2030-2035.
Mot d'ordre: il faut agir. Vite. C'est ce qu'est venu appuyer sur le plateau du «19h30» Sonia Seneviratne, climatologue et coordinatrice du GIEC à l’EPFZ.
«Il faut absolument diminuer les émissions de CO2 aussi rapidement que possible, insiste l'experte. Si on continue sur notre lancée, on devrait arriver à une stabilisation des émissions. Mais, comme elles s'accumulent dans l'atmosphère, cela signifierait un réchauffement entre 2,2 et 3,5 degrés. C'est beaucoup plus que la limite de 1,5 degré que nous ne devrions pas ou que très peu dépasser.»
Du jamais vu dans l'histoire
Qu'est-ce que ce maximum représenterait pour l'être humain? Difficile à dire. Sonia Seneviratne est toutefois formelle: «Homo sapiens n'a jamais vécu à des températures aussi hautes.»
Interrogée sur le développement de la technologie et de l'espoir que ces avancées peuvent susciter, la climatologue se lance dans un plaidoyer. «Le rapport du GIEC montre qu'il y a une situation dramatique, il y a vraiment urgence. Mais nous pouvons agir. [...] Investir dans les énergies renouvelables serait même meilleur marché que ce que nous faisons maintenant, puisque nous dépensons en réalité beaucoup d'argent dans les énergies fossiles. Et puis, quand on voit les dépenses que l'on doit faire pour une banque suisse (ndlr: Credit Suisse), l'atténuation du changement climatique, ce n'est pas si cher.»
Concrètement, toujours selon l'experte, il est impératif de booster le photovoltaïque, l'éolien, «mais aussi de protéger une partie du paysage» et donc les alpages. «Aujourd'hui, il est trop tard pour avoir un changement bien contrôlé; il aurait fallu agir il y a 20 ans. Mais tout effort est quand même utile pour réduire les dégâts.»