La manne financière arrive généralement fin mars. Credit Suisse verse les bonus à ses collaborateurs. Et dans ce milieu, l'argent coule souvent à flots.
Il en sera de même cette année à en croire un mémo interne de Credit Suisse à ses collaborateurs, rapporte la chaîne de télévision spécialisée dans la finance Bloomberg. Et ce, malgré le rachat par UBS. Les salaires, y compris les bonus, seront versés normalement cette semaine, aurait rassuré la banque déchue. Dans certains pays, ils auraient même déjà été versés. Ailleurs, on ne s’attend pas à des restrictions, tente de rassurer la banque.
La ministre des Finances Karin Keller-Sutter avait aussi déclaré lors de la conférence de presse de dimanche soir que le versement des bonus était toujours possible. La Confédération ne peut pas imposer de restrictions à ce sujet: même si l’Etat a encouragé le sauvetage, il s’agit d’une reprise privée.
Sur le rachat de Credit Suisse
Déclaration sur les bonus corrigée
La Confédération n'aura rien à y redire, vraiment? Certains politiciens affirment pourtant le contraire. Nommons par exemple le conseiller national PLR Philippe Nantermod, qui a déversé son mécontentement sur Twitter ce matin.
Celui qui est aussi avocat l'assure: l'art. 10a de la loi sur les banques interdit à Credit Suisse, mais aussi à UBS, de verser un bonus à ses managers. Le politicien valaisan achève son tweet en demandant à la Finma de réagir.
Le conseiller aux Etats d’Appenzell Rhodes-Extérieures Andrea Caroni s’est lui aussi montré très irrité par la déclaration de la conseillère fédérale. Il en appelle aussi à la loi fédérale sur les banques et les caisses d’épargne, qui stipule que le Conseil fédéral peut limiter les rémunérations si une aide d’Etat est accordée à une banque d’importance systémique.
Mais les politiciens PLR ne sont pas les seuls à s’étonner. «Ça ne s'invente pas... C'est incroyable», a tweeté la socialiste Mattea Meyer à propos de ces bonus lundi matin.
Après la conférence de presse, lorsque le journaliste de la SRF a insisté, Karin Keller-Sutter a corrigé ses propos. Il existe bien des mesures à l’encontre de la direction de Credit Suisse, a-t-elle admis. «La loi sur les banques prévoit une interdiction des dividendes ou des mesures concernant les salaires», a-t-elle poursuivi. La Finma, l’autorité de surveillance des marchés financiers, peut décider de ces deux mesures. Et selon elle, il faut s’attendre à ce qu’elle le fasse.
UBS peut verser des bonus
Egalement interrogée par la SRF, la Finma ne veut pas encore s’engager. Les questions de rémunération seront abordées dans un deuxième temps, lorsque la reprise de CS par UBS sera réglée, déclare-t-elle par le biais d’un porte-parole.
Le «Tages-Anzeiger» avait calculé, à partir des rapports de gestion, que Credit Suisse avait enregistré des pertes cumulées de 3,2 milliards de francs depuis 2013, mais que les top managers avaient empoché 32 milliards (et non pas des millions!) de francs de bonus sur la même période.
Toutefois, la situation des managers de UBS est extrêmement différente de celle des employés de Credit Suisse. La banque pourra continuer à verser des bonus, malgré la garantie de neuf milliards de la Confédération.