Jupiter débarque à Berne
Macron en Suisse: demandez le (maigre) programme!

Le président français arrive à Berne mercredi 15 novembre pour une visite d'État. Alors, tapis rouge? Oui, mais pour quoi faire....
Publié: 13.11.2023 à 15:08 heures
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Dernière mise à jour: 13.11.2023 à 19:19 heures
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Le président suisse Alain Berset (2e à droite) participe au dîner organisé par le président français Emmanuel Macron dans le cadre du Forum de Paris sur la paix 2023 au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, France, le 9 novembre 2023.
Photo: Anadolu via Getty Images
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Richard WerlyJournaliste Blick

Tapis rouge fédéral et haie militaire d’honneur pour Emmanuel Macron et son épouse Brigitte, attendus à Berne mercredi 15 novembre à 14 heures pour une visite d’État qui conclura presque l’ultime année présidentielle d’Alain Berset.

Bien joué pour ce dernier, qui a noué avec le locataire de l’Élysée une bonne relation personnelle, forgée durant les mois d’urgence sanitaire de la pandémie de Covid 19 qui avaient vu les hôpitaux suisses accueillir des malades français.

Et après? Pas grand-chose. En tout cas rien d’étonnant pour une visite qui ignorera Zurich et Bâle, deux haltes souvent soignées par les présidents français. Ce sera donc Berne, Lausanne, Genève. Résumé en quatre temps.

Le temps de la politique

Il sera réduit au minimum. Un discours d’Emmanuel Macron vers 15h mercredi 15 novembre dans la salle des pas perdus du palais Fédéral à Berne. Une rencontre avec le Conseil fédéral. Puis une conférence de presse aux côtés d’Alain Berset.

Rien, dans le programme officiel, sur la démocratie directe et le référendum dont le locataire de l’Élysée se fait pourtant le porte-drapeau, puisqu’il convie les partis politiques français pour en discuter à son retour de Suisse, le 17 novembre. Rien sur la question qui a tant empoisonné les relations avec la France: celle de la défense et de l’achat par la Suisse, en 2021, des avions de chasse américains F35 au détriment du Rafale. Aucune annonce sur la neutralité helvète et ses conséquences en matière de livraisons d’armes à l’Ukraine. Bref, circulez, il n’y a rien à voir ou presque.

Les relations bilatérales franco-suisses sont présentées comme étant revenues au beau fixe, hormis quelques dossiers techniques toujours en instance de règlement, comme le partage des eaux du Rhône ou la fiscalité de l’aéroport binational Bâle Mulhouse. La mobilité des frontaliers et des étudiants entre les deux pays fera l’objet d’une «lettre d’intention».

Le temps de l’Europe

C’est le grand sujet qu’Emmanuel Macron va évoquer, prévient-on à l’Élysée. D’abord avec le Conseil fédéral. Puis lors d’une rencontre, aux côtés d’Alain Berset, avec des étudiants de l’université de Lausanne jeudi 16, suite à une visite sur place de la Fondation-Jean-Monnet. Bien. Et après? L’échange sur la décision du Conseil fédéral, prise le 8 novembre, de lancer les consultations en vue d’un mandat de négociation avec Bruxelles redire la volonté de la France «de voir la Commission et la Suisse trouver rapidement une solution bilatérale».

Bref, RAS. Deux sujets par contre seront plus intéressants. Paris mise sur Berne pour faire prospérer son idée de Communauté politique européenne (CPE) lancée en 2022, dont un prochain sommet pourrait se tenir en Suisse. Et les autorités françaises, tout en se félicitant de la reprise des sanctions financières européennes contre la Russie, veulent que leur mise en œuvre soit «la plus complète possible». 

Emmanuel Macron vient donc à Berne avec de la pommade (pressez-vous pour un accord bilatéral SVP), une carotte (la CPE est le format idéal pour permettre à la Suisse d’exister au niveau européen) et un petit bâton (ne permettez pas le contournement des sanctions).

Le temps du business

Et oui: Emmanuel Macron n’est pas pour rien le champion de l’attractivité. Et la France n’est pas pour rien, non plus, le pays qui engrange depuis deux ans le plus d’investissements étrangers. Un déjeuner aura lieu, jeudi, avec une brochette d’hommes d’affaires helvétiques.

Un autre moment de rencontre aura lieu entre start-up suisses et françaises. Objectif: décrocher de nouvelles promesses d’implantations, comme c’est le cas chaque année lors du sommet «Choose France» organisé à Versailles avant le forum de Davos.

Ça tombe bien. La France, qui importe beaucoup plus qu’elle n’exporte, a un excédent commercial avec la Suisse! Trois milliards d’euros en 2022, déjà 2,8 milliards pour le premier semestre 2023. Bienvenue dans l’hexagone! Macron le VRP va déployer tout son talent. «La Suisse est au cœur d’une des zones industrielles les plus dynamiques d’Europe» répète-t-on à l’Élysée.

Le temps de la science

Ce sera le bouquet final. Rapide, mais symbolique. Ultime étape à Genève au CERN, le Centre européen de recherche nucléaire. Mais là, tout sera sous l’angle de la science et de la physique quantique.

Oubliée la divergence entre Berne et Paris sur le nucléaire civil, que la France relance, entraînant dans son sillage une alliance de douze pays européens d’accord pour fabriquer des mini-réacteurs. A quelques kilomètres de la frontière, la centrale nucléaire française du Bugey doit se doter de deux nouveaux réacteurs qui font polémique coté Helvète. Mais de cela, on parlera peu. Place aux atomes. Les gouvernements suivront.

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