Lorsque le patron du syndicat Pierre-Yves Maillard fait de la publicité pour la 13e rente AVS, il raconte volontiers l'histoire de la pauvre retraitée qui a travaillé toute sa vie et qui n'a pourtant pas d'argent pour payer son mazout. Elle ne peut chauffer la pièce dans laquelle elle se trouve qu'avec un «poêle électrique». Un cas classique de pauvreté des personnes âgées.
La 13e rente AVS n'est pas la bonne solution, affirme Christina Bachmann-Roth, présidente des Femmes du Centre. Cette mère de quatre enfants en est convaincue: «La 13e rente AVS est une idée trompeuse, car son financement n'est pas clarifié. Au final, elle conduira à une augmentation de la TVA, qui pèsera particulièrement sur les familles.»
De l'argent pour les riches?
Cette gérante de fromagerie et femme politique estime qu'il faut aborder concrètement le thème de la pauvreté des personnes âgées: «Nous avons besoin de bonnes prestations complémentaires et non pas d'une augmentation globale des rentes pour tous, bien que 80% des retraités soient en bonne situation financière.» Au lieu de bichonner encore plus les millionnaires avec une 13e rente AVS, il faudrait aider de manière ciblée les retraités qui en ont besoin.
Christina Bachmann-Roth reproche aux politiciennes de gauche et aux syndicats de stigmatiser les prestations complémentaires. «Elles sont pourtant le moyen le plus efficace de lutter contre la pauvreté des personnes âgées.» Elle en est convaincue: «Ce sont surtout les riches retraités qui profiteront de la 13e AVS. En revanche, les bénéficiaires de rentes partielles n'obtiendront qu'un peu plus.»
Avec la conseillère nationale Susanne Vincenz-Stauffacher, présidente des Femmes PLR, Christina Bachmann-Roth préside le comité féminin «Non à la 13e rente AVS», nouvellement créé. La conseillère nationale souligne: «La statistique de l'AVS montre que moins de femmes touchent une rente maximale que les hommes. L'initiative n'aide donc en aucun cas les revendications des femmes.» La 13e rente AVS ne corrigerait pas les différences entre les femmes et les hommes, mais creuserait l'écart entre les riches et les pauvres.
Peur des coûts
C'est surtout pour la jeune génération que la 13e AVS est une imposition, souligne Susanne Vincenz-Stauffache: «Qui doit payer cela? Au lieu de faire supporter des coûts élevés aux jeunes, il faut stabiliser l'AVS.»
A partir de 2025, les femmes devront travailler plus longtemps en Suisse. Pour les femmes nées en 1962, ce sera six mois de plus, pour celles nées en 1963, neuf mois. A partir de la classe d'âge 1964, l'âge de la retraite sera de 65 ans, ce qui devrait permettre de soulager les systèmes sociaux. Une 13e AVS annulerait l'effet d'économie de l'augmentation de la rente des femmes, calculent les deux politiciennes: «L'introduction d'une 13e rente AVS entraînerait des dépenses supplémentaires d'environ 5 milliards de francs par an. La 13e rente AVS coûte donc chaque année au total trois fois plus que ce qui est économisé grâce à l'adaptation de l'âge de la retraite des femmes», explique Christina Bachmann-Roth.
Susanne Vincenz-Stauffacher souligne: «Le fait de devoir à nouveau cofinancer des suppléments pour tous avec ces fonds économisés est irrespectueux envers les femmes.»