Voilà une grand-mère qui a son caractère. Agatha Bortolin, 77 ans, a passé un séjour en prison parce qu’elle refusait de payer une amende de 1280 francs pour… délit de fuite.
Selon des témoins, l’habitante d’Amriswil (TG) a heurté un petit mur de grès au volant de sa Toyota lors d’une manœuvre, avant de s’en aller. Cette grand-mère de douze petits-enfants clame son innocence.
Elle a d'abord hésité à payer l’amende. Puis a renoncé. «Je ne l’ai pas fait!», s’écrie-t-elle. Elle est allée au bout de la démarche et a passé quatre jours en prison.
De retour chez elle, confortablement installée sur son canapé, elle se confie à Blick. «J’ai vécu une expérience, beaucoup de choses me passent par la tête», témoigne-t-elle.
«L’accès au monde extérieur fait défaut»
Agatha Bortolin a commencé sa peine de prison jeudi dernier. Elle s’est rendue à la porte avec les ongles rouges. «Je fais rarement ça, mais à ce moment-là, mes ongles vernis m’ont permis de préserver ma dignité.»
En prison, les gardiens sont les seules personnes avec lesquelles la retraitée a des contacts. En effet, à cause du Covid, toute personne envoyée en prison doit passer dix jours en quarantaine.
«Les surveillants — on ne les appelle pas gardiens, précise-t-elle, étaient tous incroyablement gentils avec moi et m’ont bien traitée.» Dans sa cellule, une télévision recevait quelques chaînes. Une fenêtre sur le monde, pour savoir ce qui se passait à l’extérieur. «Mais le monde extérieur en tant que tel m’a manqué», confie-t-elle.
Heures comptées jusqu’à la libération
En raison de la quarantaine, tout dans la prison est un peu plus strict que d’habitude. Il n’était par exemple pas possible de passer du temps à l’extérieur, Agatha Bortolin ne pouvant marcher que dans un espace semi-ouvert de trois mètres sur six.
L’hygiène était également un problème car les douches devaient être nettoyées et désinfectées après chaque utilisation. «Je n’ai été autorisé à prendre une douche qu’une fois en quatre jours. Au bout d’un moment, on ne sent plus sa propre odeur.»
Elle a passé la plupart de son temps à lire ou à peindre. Mais cela ne l’a pas vraiment distraite. «J’avais un vide en moi et je comptais les heures jusqu’à la sortie», raconte la grand-mère.
«On mange ce qu’il y a sur la table»
Un petit volet dans la porte de sa cellule s’ouvrait régulièrement, et de la nourriture était poussée à Agatha Bortolin. Celle-ci était mal préparée et n’avait pas vraiment de goût. «Au moins, c’était chaud et ça remplissait l’estomac. On mange ce qu’il y a sur la table.»
Elle est heureuse d’être de retour chez elle. «Cette expérience m’a fait réfléchir.» Elle a tout de même pris conscience de quelque chose. «Par rapport à d’autres pays, nous nous en sortons bien en Suisse, même en prison», affirme-t-elle.