Cela ressemble à un petit miracle de Noël. Nestlé va construire une usine de pâtes dans l'ouest de l'Ukraine. «La nouvelle usine dans la région de Volhynie deviendra, avec l'usine existante de Torchyn, le centre pour les produits alimentaires et culinaires de Nestlé en Europe», a annoncé le groupe cette semaine. Avec environ 1500 employés, elle approvisionnera aussi bien l'Ukraine que d'autres marchés européens. Les investissements s'élèvent à 40 millions de francs.
Enfin des nouvelles positives en provenance de ce pays en guerre. Malheureusement, cette annonce masque le fait que l'économie ukrainienne souffre encore fortement des conséquences de l'attaque russe - surtout dans l'est du pays.
«La situation reste difficile»
«La situation reste très difficile», confirme Franziska Tschudi Sauber, directrice du groupe Weidmann, dont le siège est à Rapperswil (SG). L'entreprise familiale possède un site à Malyn, à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Kiev. Weidmann y produit des matériaux et des composants pour l'isolation des transformateurs. «Le lieu n'a malheureusement pas été épargné par la guerre», explique la directrice. Un pont et un jardin d'enfants auraient ainsi été détruits. «Mais les Ukrainiennes et les Ukrainiens font tout pour remettre l'infrastructure en état le plus rapidement possible.»
L'entreprise a pu reprendre la production à partir du mois de mai. Le nombre d'employés a toutefois diminué, passant de 630 à environ 550. «Cela s'explique en grande partie par le fait que les hommes ont été mobilisés», explique l'entrepreneuse. Tout est cependant mis en œuvre pour garantir l'emploi des collègues ukrainiens.
D'un point de vue économique, ce n'est malheureusement pas si simple. «Le problème, c'est que certains gros clients d'Europe occidentale ne veulent pas de produits ukrainiens. Ils craignent que, selon l'évolution de la guerre, nous devions arrêter notre production et ne puissions alors pas livrer.»
L'incertitude préoccupe
Du point de vue des clients, qui ont besoin une sécurité de planification absolue, Franziska Tschudi Sauber peut comprendre cette réticence. Et en même temps, la solidarité avec l'Ukraine manque. «Je ne peux donc pas dire si nous aurons encore suffisamment de travail pour toutes nos collaboratrices et tous nos collaborateurs ukrainiens dans un an.»
Une grande incertitude règne également dans d'autres entreprises suisses actives en Ukraine. Le géant pharmaceutique Novartis, qui emploie environ 500 personnes dans ce pays, a commencé à reprendre ses activités à distance. Les fréquentes interruptions de l'approvisionnement en énergie constituent toutefois un défi de taille.
De son côté, le groupe agrochimique Syngenta, qui comptait près de 600 collaborateurs en Ukraine jusqu'au début de la guerre, n'est même pas en mesure de préciser si tous se trouvent encore sur place. «Nos informations ne sont pas tout à fait à jour, car les gens ont été soumis à de violents bombardements ces derniers jours et se trouvent dans des abris de fortune sans électricité ni connexion mobile», explique un porte-parole. Les troupes russes auraient en outre pillé et détruit un laboratoire dans la ville portuaire de Kherson. «Nous souhaitons néanmoins rester en Ukraine dans la mesure du possible», souligne le groupe.
Vetropack ne veut pas abandonner son site ukrainien
Le fabricant d'emballages en verre Vetropack affirme lui aussi qu'il ne veut pas abandonner son site en Ukraine. L'entreprise, dont le siège est à Bülach (ZH), a toutefois dû licencier des centaines d'employés ukrainiens au cours des derniers mois. «Dans notre usine d'Hostomel, des études sur place ont montré qu'une reprise de la production n'était pas entièrement possible», a déclaré une porte-parole.
La situation est encore plus sombre chez Clariant. Le groupe chimique de Bâle-Campagne avait déjà suspendu en février 2022 sa production de catalyseurs dans la région très disputée du Donbass. L'entreprise a maintenant dû décider de fermer définitivement le site. «Les contrats de travail des employés concernés en Ukraine prendront donc fin à la fin de l'année», fait savoir une porte-parole de l'entreprise.
D'autres entreprises suisses ayant d'importantes succursales en Ukraine ne veulent même pas s'exprimer sur la situation actuelle. Chez le groupe de technique sanitaire Geberit et chez Glas Trösch, dont le siège est à Nidwald, la réponse est très claire: «No comment.»