Le présentateur américain David Letterman a rencontré le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors de son émission «My Next Guest». Ils ont évoqué des sujets personnels, mais aussi la guerre et le président russe Vladimir Poutine. «Que se passerait-il si Poutine tombait d'une fenêtre et mourait subitement?», demande David Letterman. Pour son interlocuteur, la réponse est claire: «Il n'y aurait plus de guerre.»
La mort du chef du Kremlin mettrait-elle réellement fin à la guerre? Non, «la mort de Poutine ne changerait rien au système», explique à Blick Alexander Wöll, spécialiste des études slaves à l'université de Potsdam (Allemagne). Au lieu de cela, un nouveau personnage clé, qui aspirerait à des idéologies similaires, prendrait sa place.
«La raison principale de la guerre est le système politique russe qui donne tant de pouvoir à Poutine», constate Volodymyr Zelensky dans l'interview. Alexander Wöll est du même avis. Il décrit le modèle de gouvernement russe comme un système hiérarchique mafieux. «Au sommet, il n'y a qu'une seule personne qui prend toutes les décisions», explique-t-il. Après Vladimir Poutine, il y aura probablement un homme fort au Kremlin pour lui succéder. Il n'est donc guère surprenant, selon lui, que la population russe ne souhaite pas un changement de pouvoir. Un coup d'Etat est très improbable.
La force manque pour faire régner l'ordre
Si Poutine devait disparaître de la scène, la population russe ferait face à des défis. «Ils devront s'occuper de leur politique intérieure et non de questions de politique extérieure», avance Volodymyr Zelensky.
Mais qui pourrait suivre dans les traces de Poutine s'il venait à mourir? Selon Alexander Wöll, il n'y a pas de véritable alternative. «Le risque est grand que ce soit quelqu'un avec des idéologies encore plus populistes de droite et chauvines», soutient-il clairement. L'opposition a beaucoup trop peu de place en Russie et le pays est ruiné après la guerre – sans intervention internationale, il manquerait à ce petit groupe la force de faire régner l'ordre, estime le professeur.
«La Russie risque de se désintégrer»
«Pour que les choses changent, il faut que tout le système s'effondre, explique le slaviste. Et c'est extrêmement dangereux, car la Russie est désormais une puissance nucléaire.» Selon lui, il n'y a pas d'issue à la situation actuelle.
La Russie ne sortira pas sans encombre de la guerre – avec ou sans Poutine au pouvoir, d'après lui. Au contraire: «La Russie risque de se désintégrer», prédit Alexander Wöll. Les Tchétchènes, par exemple, gagnent incroyablement en puissance avec la guerre en Ukraine. «Qu'est-ce qui les empêchera un jour de prendre le Kremlin d'assaut? De nombreux scénarios sont envisageables», déclare le spécialiste.
Mais pour lui, une chose est sûre: «La Russie va être ramenée 30 ans en arrière dans son développement. Cela entraînera des troubles politiques internes.» A long terme, cela pourrait tout de même mener à un putsch – et au chaos.