Cette séquence s'est déroulée il y a environ deux mois lors d'un dîner. Comme le rapporte la «NZZ», la rencontre à huis clos a frôlé l'esclandre. En raison des augmentations de prix massives prévues par CFF Cargo, de gros clients du trafic marchandises et des associations économiques s'étaient préalablement adressés au conseiller fédéral Albert Rösti. Mais lorsque l'entretien a eu lieu, la direction des CFF a brillé par son arrogance, ne proposant pas le moindre compromis.
Le président du Centre, Gerhard Pfister, présent à la réunion en tant que président de l'association Cemsuisse, Association suisse de l'industrie du ciment, se serait montré indigné par l'attitude du patron des CFF, Vincent Ducrot: «Il n'a pas dit grand-chose et a préféré manger sa salade plutôt que de réfléchir à des solutions. Gerhard Pfister a fini par éclater de colère, reprochant aux CFF leur «incroyable arrogance», écrit la «NZZ». Frank Furrer, chef de longue date de l'association de l'économie des chargeurs (VAP), a lui aussi employé des mots forts: «Je n'ai jamais vu une telle attitude envers les clients.»
Dans la tourmente
CFF Cargo se bat depuis des années contre des difficultés financières et les augmentations de prix prévues doivent aider à contrer les déficits futurs. Comme l'ont confirmé les CFF, les prix du trafic de marchandises devraient augmenter de 20% en moyenne. Et ce, bien que CFF Cargo supprime en même temps 80 emplois à plein temps et veuille à l'avenir desservir moins souvent les gares.
Pour Daniel Zumkehr, directeur de l'entreprise familiale ACTS, ce que fait CFF Cargo frise le «chantage»: «Soit on accepte leurs augmentations de prix, soit ils ne roulent plus pour nous!» Il doute en outre que la stratégie des CFF fonctionne à long terme: d'ici 2030, environ un cinquième du personnel devrait être supprimé et e réseau du trafic de marchandises sera donc réduit de manière drastique. «C'est un démantèlement organisé», poursuit Daniel Zumkehr pour la «NZZ».
Les CFF se défendent dans le journal contre ces reproches. Selon un porte-parole, les discussions avec les clients sont en bonne voie. De plus, le Conseil fédéral prévoit un soutien pour moderniser le trafic de marchandises. Un bonus de chargement illimité de 50 millions de francs par an pour les clients doit en outre permettre d'amortir les hausses de prix. Le projet est actuellement en suspens au Conseil national et devrait donner lieu à des discussions.