«Ils abusent de notre coutume»
Des Trychlers renient leur frange opposé aux mesures Covid

Depuis des semaines, les «Freiheitstrychler» font bruyamment part de leur désaccord envers les mesures anti-Covid. Ils font à présent face à la critique d'autres «trychlers», c'est à dire de sonneurs de cloches traditionnels, qui les accusent de nuire à la coutume.
Publié: 18.11.2021 à 06:11 heures
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Ruedi Herger triche depuis l'enfance.
Photo: Luisa Ita
Luisa Ita et Karin Frautschi

Le terme de «trychler» n'avait sans doute guère traversé la Sarine avant la pandémie. Il s'est maintenant intimement lié avec «Freiheit», «liberté»: en effet, c'est le groupe d'opposants aux mesures anti-Covid «Freiheitstrychler», pratiquant le sonner de cloches de vache, une tradition suisse, qui est devenu nationalement connu pour ses actions tonitruantes lors des manifestations contre les mesures Covid. Mais lier leur opposition politique farouche à une tradition ancestrale n'est pas du goût de tous.

A commencer par leurs confrères. «Les 'Freiheitstrychler' et leurs homologues d'Helvetia (un groupe similaire d'opposants aux mesures, ndlr.) abusent de nos coutumes et nuisent à notre image», déclare sans ambages Josef Winiger, président du comité d'organisation de la rencontre fédérale des sonneurs de cloches et des «trychlers» en 2020. A cause du tapage médiatique, certains groupes auraient reçu des annulations pour des manifestations où ils se produisent par ailleurs chaque année. «Et je ne parle pas d'une seule annulation. Plusieurs associations sont concernées et très déçues.»

Les «Trychler» ne sont pas souhaités lors des manifestations

Selon Josef Winiger, les organisateurs de ces événements craignent que les visiteurs ne voient dans une représentation des Trychler une motivation politique et ne la prennent mal. Ils veulent ainsi se distancer des événements actuels.

L'homme de 59 ans déclare au Blick: «Espérons que cela se termine bientôt. Le mieux serait vraiment que ces opposants laissent leurs cloches à la maison.» Josef Winiger avance par ailleurs, et cela enrage ce passionné de la coutume ancestrale: «D'après ce que j'ai entendu, ce ne sont parfois pas de «vrais» trychlers. Ils se sont simplement procuré des cloches quelque part et défilent avec elles».

Ruedi Herger est président du Trychlerclub Herger de Seelisberg dans le canton d'Uri, et lui aussi nous dit son ras-le-bol: «il faut séparer nos cloches de la politique. Si quelqu'un veut aller manifester, il peut bien sûr le faire, mais notre coutume ne doit pas en souffrir».

Trychler par passion

Depuis son enfance, cet ouvrier du bâtiment et chauffeur de camion est passionné par cette tradition. «J'ai commencé à sonner les cloches avec mes sœurs et mes voisins», se souvient-il. Nous avons participé très tôt au «Chlaus-Trycheln (un défilé lors de la Saint-Nicolas, ndlr.)».

Lorsqu'il était écolier, il avait emprunté les cloches à des parents. Plus tard, il a rejoint l'association des sonneurs de cloches de son village natal de Seelisberg, jusqu'à ce que l'idée de fonder le Trychlerclub Herger naisse en 2013, lors d'une sortie avec son fils. Ce groupe compte aujourd'hui 14 membres actifs.

«Continuez à être pacifiques!»

Et ce sont les gens qui rendent ce hobby si spécial pour Ruedi Herger: «La convivialité que nous avons me plaît vraiment beaucoup». Son coeur vibre au son des cloches: «je suis ému lorsque je vois le bétail décoré lors d'un départ et que je marche avec les cloches». Il a lui-même participé à la transhumance pendant quatre ans.

Ruedi Herger espère que les associations ne subiront pas de dommages à long terme à cause des groupes sceptiques dans leurs rangs. Il se dit personnellement d'accord avec eux sur certains points, mais ne veut en aucun cas que les clubs en pâtisse. Il demande donc aux groupements de «continuer à rester pacifiques».


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