«Il y aurait pu avoir des morts»
Des automobilistes italiens pourchassés par un néonazi suisse équipé d'un fusil

Samedi en début de soirée, un homme de 31 ans a semé la terreur près d'Arona (It). Comme s'il était fou, il a dirigé son véhicule contre d'autres voitures et pointé son fusil chargé sur des personnes. Qui est ce fou furieux? Blick s'est penché sur la question.
Publié: 11.10.2022 à 19:12 heures
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Samedi en début de soirée, près du lac Majeur en Italie, un néonazi suisse de 31 ans menace les voitures qui passent avec une carabine chargée.
Myrte Müller, Nicolas Lurati

L’intervention était sacrément dangereuse, affirme Giorgio Santacroce: «Heureusement, elle s’est terminée sans trop de dégâts.» Le lieutenant-colonel des carabiniers italiens de Verbania ajoute qu'il y «aurait pu avoir des morts».

L'histoire commence samedi en début de soirée. Il est un peu plus de 18h près d’Arona, en Italie. Une VW noire immatriculée en Suisse s’élance sur la route du bord du lac. Günther S.* est au volant. Ce n’est pas un touriste qui veut profiter du week-end sur le lac Majeur. L’homme a d’autres projets.

Sur la route, le Thurgovien prend en chasse des automobilistes. Il les percute par l’arrière et tente de les faire sortir de la route avec sa voiture. Au total, quinze véhicules sont endommagés et quatre personnes légèrement blessées. «L’homme a délibérément poursuivi les automobilistes», déclare Giorgio Santacroce.

Automobilistes, passants et carabiniers visés avec un fusil

Près de Meina, Günther S. dirige sa Golf vers une station-service. Là, il enlève son T-shirt, saisit sa carabine de marque Schmidt Rubin K31, puis fixe une baïonnette sur le vieux fusil militaire suisse.

Les images de la caméra de surveillance montrent l'homme pointant son fusil en direction de plusieurs automobilistes et passants. Ensuite, il retourne au volant de sa voiture et poursuit sa folle course - jusqu'à ce qu'il perde le contrôle de son véhicule contre une glissière de sécurité le long de la route près de Baveno.

«Lorsque nos agents ont voulu arrêter le conducteur, il les a menacés avec son arme chargée», poursuit Giorgio Santacroce. Face au danger représenté par le trentenaire, les carabiniers pointent également leurs pistolets en direction du chauffard. La situation devient tendue. Finalement, Günther S. jette son fusil par terre et tombe à genoux.

Un néonazi au lourd casier judiciaire

Il est environ 20h lorsque le Thurgovien est arrêté. Apparemment, Günther S. était sous l’influence d’une forte drogue. Dans la voiture, les policiers trouvent une bannière avec l’aigle et la croix gammée du 3e Reich, 45 cartouches de calibre 223 et d’autres plaques d’immatriculation suisses.

Après vérification de son identité, il est rapidement établi que le néonazi a un lourd casier judiciaire en Suisse. Le véhicule ne lui appartient pas et les plaques d'immatriculations retrouvées dans l'habitacle ont été déclarées volées. Les policiers italiens informent leurs collègues helvétique.

Enquête en cours

La police thurgovienne ouvre immédiatement une enquête. «Sur la base des informations en provenance d’Italie, le Ministère public de Kreuzlingen a ouvert une procédure pénale contre le Suisse de 31 ans, indique-t-elle à la demande de Blick. Nous pouvons également confirmer le lien entre cette affaire et les interventions de la police dans le canton de Thurgovie entre samedi et lundi.»

Des perquisitions ont eu lieu lundi après-midi. «Nous espérons trouver des indices sur ce qui s’est passé samedi en Italie. Il s’agit avant tout de déterminer l’origine des armes et des munitions. Nous enquêtons également sur l’origine des plaques d’immatriculation présumées volées. Nous voulons bien sûr aussi découvrir quelles étaient les intentions de Günther S.», a déclaré le procureur général adjoint Patrick Müller.

Relatée par la presse, cette affaire est parvenue aux voisins de Günther S. «Il a toujours été considéré comme un enfant triste et mélancolique. Sa grand-mère s’inquiétait pour lui et l’envoyait suivre un traitement psychologique», confie une voisine à Blick. Mais elle affirme n'avoir jamais été au courant de ses convictions néonazies.

*Le nom a été changé

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