À une exception près
Les Suisses boivent de moins en moins de bière

La pandémie de coronavirus, parmi d'autres facteurs, a mis à mal les tonneaux des brasseries suisses. Mais une variété fait exception.
Publié: 18.10.2021 à 14:55 heures
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Dernière mise à jour: 19.10.2021 à 06:19 heures
Aucun autre pays n'a une densité de brasseries aussi élevée que la Suisse.
Photo: Keystone
Sarah Frattaroli

Nulle part ailleurs la densité des brasseries artisanales n'est aussi élevée qu'en Suisse. Selon l'Association suisse des brasseurs (ASB), on dénombre 1200 producteurs de bière et la tendance est à la hausse. Selon les statistiques de l'association, les Suisses boivent 52 litres de bière par habitant et par an, ce qui représente un litre par semaine. Or, la tendance est à la baisse.

Cette diminution est notamment due à la pandémie de coronavirus. Une bière sur cinq est servie dans le secteur de la gastronomie. La fermeture des restaurants, qui a duré pendant des mois au cours de la dernière année et demie à cause du coronavirus, a donc nui aux brasseries: l'ASB faisait état en 2019/2020 d'une baisse de 2,2% (l'année brassicole se termine toujours en automne).

En pourcentage, cela ne semble pas beaucoup, mais ce chiffre correspond en réalité à 34 millions de chopes. En comparaison, les Allemands boivent plus de 90 litres de bière par an. Même dans les pays d'origine du brassage de la bière, la consommation a diminué.

Mauvais temps en été

Les chiffres définitifs pour l'année brassicole 2020/21 ne sont pas encore disponibles. Toutefois, l'association des brasseurs s'attend à ce que la tendance à la baisse se poursuive, selon une enquête de Blick. Le coronavirus n'est en effet pas le seul coupable. «Le mauvais temps estival et l'annulation de nombreux événements ont également joué un rôle», explique Christoph Lienert, directeur adjoint de l'Association suisse des brasseurs.

Après la réouverture, les brasseurs avaient fondé de grands espoirs sur l'Euro. En vain. «Malgré les bonnes performances de notre équipe nationale, l'évènement n'a pas suscité autant d'engouement qu'espéré», regrette Christoph Lienert. La faute certainement à la météo, qui a une très grande influence sur la consommation de bière.

La bière sans alcool est en plein essor

Tous les types de bières ne sont pas touchés de la même manière. En effet, la bière sans alcool se vend de mieux en mieux depuis des années. Sa vente a même augmenté de 15% l'an dernier, et ce malgré la pandémie. «C'est une petite lueur d'espoir, commente l'association. Il y a plus de variantes dans la bière sans alcool. Elles amènent de nouvelles saveurs, notamment grâce à des méthodes de production nouvelles et innovantes.»

Jusqu'à présent, la bière sans alcool ne représentait que 4% des ventes totales en Suisse. En Allemagne, elle atteindra bientôt 10% de part du marché. «Nous nous attendons à ce que cette part double encore dans les prochaines années», ajoute Christoph Lienert.

Les variantes sans alcool d'autres alcool célèbres sont également très demandées: le gin, le rhum et même le limoncello sont désormais disponibles avec 0,0% d'alcool. Cette tendance est due à la sensibilité croissante de la population aux questions de santé.

Des courbatures plutôt qu'une gueule de bois

La génération Z, c'est-à-dire les jeunes d'une vingtaine d'années, ouvre la voie. Ils sont nombreux à utiliser des applications qui calculent leur nombre de pas et à surveiller leur sommeil grâce à leur smartphone. Ils préfèrent de plus en plus les courbatures après un entraînement physique intense à la gueule de bois des lendemains de fête.

Est-ce le début de la fin pour la bière conventionnelle, c'est-à-dire alcoolisée? Christoph Lienert penche malgré tout pour le non: «L'air du temps n'a rien à voir avec la consommation de bière.» Il explique plutôt le boom de la bière sans alcool par un désir de variété. «La bière sans alcool est davantage perçue comme un style de bière à part entière et non plus seulement comme une alternative.»

Parallèlement à la bière sans alcool, les créations innovantes des diverses brasseries poursuivent leur essor. Lienert parle d'une «augmentation explosive» au cours des quinze dernières années. Dans le pays qui compte la plus forte densité de brasseries au monde, la mousse n'est pas près de disparaître.

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