Ne dites pas à Alain Berset qu’il est encore Conseiller fédéral, jusqu’à la mi-décembre. L’actuel président de la Confédération est depuis mercredi sur un petit nuage venu de France. Impossible de trouver le moindre moment où le socialiste fribourgeois a laissé seul son invité de marque: le président de la République française Emmanuel Macron.
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Depuis l’arrivée du couple présidentiel français jusqu’à son départ de Genève ce jeudi après-midi, après une visite conjointe du Centre européen de recherche nucléaire (CERN), Alain Berset aura toujours été aux côtés de Macron: d’abord au pied de son avion à l’aéroport de Berne, puis sur la place fédérale pour les honneurs militaires, dans la salle des pas perdus du palais fédéral, en conférence de presse et enfin lors du dîner d’État à l’hôtel Bernerhof.
A l’Université de Lausanne
Le jour de gloire tricolore et européen d’Alain Berset, c’est pourtant ici ce jeudi, à l’université de Lausanne. Une heure d’échange, entre 11 heures et midi, avec les étudiants de l’université et de l’École Polytechnique fédérale sur le thème «Parlons Europe: répondre aux grands enjeux». Les casseroles brandies par des centaines de manifestants hors du campus lausannois, pour protester contre la venue d'Emmanuel Macron, gâcheront-elles cette journée? C'est bien entendu la grande inquiétude de cette matinée.
Le Conseiller fédéral prononcera, selon le programme officiel, un discours de huit minutes. Emmanuel Macron, lui, parlera vingt minutes. Pour évoquer quoi? Pas tellement, sans doute, de l’avenir des relations bilatérales Suisse-Union européenne, que les deux hommes ont abordé la veille à Berne. Macron, proeuropéen résolu, a plaidé pour son accélération afin qu’un accord soit signé entre Berne et Bruxelles avant l’été 2024. C’est plutôt de recherche, de partenariat universitaire et de possibilité pour le monde universitaire suisse de se reconnecter avec l’UE que les dirigeants vont parler.
Soutien de la France
Pourquoi le jour de gloire? Parce qu’Alain Berset, sur le point de quitter la vie politique après douze ans au Conseil fédéral, a toujours laissé entendre son envie de poursuivre une carrière internationale. Il a aussi, à Berne ce jeudi, beaucoup plaidé pour l’investissement de la Suisse dans la Communauté politique européenne (CPE) lancée en 2022, laquelle regroupe une quarantaine de pays autour des 27 États membres de l’Union. Son discours d’accueil d’Emmanuel Macron, sous la Coupole du Palais Fédéral, a surtout focalisé sur les liens culturels, historiques, linguistiques entre la Suisse et la France. S’il voulait verrouiller le soutien d’Emmanuel Macron et de Paris en vue d’une prochaine affectation, le Fribourgeois ne s’y serait pas pris autrement. On vous l’avait dit: le jour de gloire (français) d’Alain Berset est arrivé.