Cette question laisse même les plus hauts décideurs et experts perplexes: comment le double meurtrier condamné Raphael M.* a-t-il pu tuer la retraitée Assunta L.** pendant une sortie de prison jeudi dernier? Un meurtre qui a eu lieu exactement dans la maison où Raphael M. avait déjà commis un meurtre en 2014.
Lundi après-midi, les fonctionnaires impliqués se sont présentés publiquement pour fournir des éléments explicatifs. S'il y a bien une chose à retenir de cette conférence de presse, c'est la suivante: un gigantesque appareil administratif composé de commissions spécialisées, de psychiatres, de la police et de la justice est certes censé empêcher les délinquants violents souffrant de troubles psychiques de récidiver, mais Assunta L. est tout de même morte.
Et c'est ainsi que les cinq fonctionnaires présents introduisent leurs déclarations par la même phrase: «Nos pensées vont aux proches de la victime». C'est la seule chose qu'ils disent spécifiquement à propos de l'homicide de Bâle.
La psychiatrie plutôt que la prison
Au lieu de cela, ils expliquent la procédure générale des autorités et de la psychiatrie. «Une mesure thérapeutique stationnaire selon l'article 59 est prononcée lorsqu'un auteur souffre d'un trouble psychique grave et que celui-ci est lié à l'infraction», explique par exemple Sabine Uhlmann, directrice de l'exécution des peines et mesures du canton.
Raphael M. s'était vu ordonner une telle mesure: en 2014, il a tué deux femmes, dont l'une dans la même maison qu'Assunta L., et a grièvement blessé un homme âgé. Après sa condamnation, il a été placé dans l'unité psychiatrique fermée de la Clinique psychiatrique universitaire de Bâle (UPK).
«Au premier plan de cette mesure se trouve le traitement du trouble psychique dans le but de réduire le risque de récidive», poursuit Sabine Uhlmann. En bref, les délinquants sont traités avec des médicaments et apprennent à gérer leur maladie dans le cadre de la thérapie. Dans le cas de Raphael M., il s'agit de schizophrénie.
Les sorties font partie de la thérapie
Le traitement implique de tester si un délinquant peut fonctionner dans un «environnement plus proche de la vie quotidienne». En d'autres termes, on permet d'abord des sorties accompagnées, puis non accompagnées, et on analyse comment la personne se comporte.
Ce sont les professionnels de la psychiatrie et une commission spécialisée dans l'exécution des mesures qui décident quand et dans quel cadre de telles sorties sont rendues possibles. Selon UPK et Sabine Uhlmann, jusqu'à 14 personnes au total seraient impliquées. Ils s'appuient sur des catalogues de questions, des rapports, des évaluations.
Plus d'une douzaine de spécialistes ont donc décidé, à l'aide de dizaines de pages décrites, que Raphael M. pouvait se promener jeudi dernier sans être accompagné, trouvant ainsi une autre victime et la tuant. Cela signifie que la responsabilité de la mort d'Assunta L. est répartie sur d'innombrables épaules dans plusieurs institutions.
Recherche publique trop tardive?
Après avoir commis son délit, Raphael M. a pris la fuite. La zone autour du lieu du crime a certes été bouclée, mais les autorités ont attendu presque une journée entière avant de lancer un avis de recherche public.
Martin Schütz, porte-parole du ministère public de Bâle-Ville, justifie ce retard auprès de Blick: «Une chasse à l'homme publique est la dernière mesure à prendre lorsque la police a épuisé ses possibilités de recherche en temps réel. Dans ce cas, nous avons eu recours à ce moyen avec une rapidité inhabituelle».
Lors de la conférence de presse, Blick a voulu savoir pourquoi les délinquants n'étaient pas surveillés électroniquement à leur sortie. Sabine Uhlmann répond: «Non, cela ne servirait à rien. Nous ne pourrions pas empêcher les délits, seulement les regarder à l'écran.»
Responsabilité «tragiquement» non assumée
Le système, l'appareil des autorités autour des délinquants psychiquement malades, fonctionne, dit-on également lors de la conférence de presse. Henning Hachtel, directeur de la médecine légale à l'UPK, cite les statistiques: «Après le traitement, le taux de récidive chez les auteurs d'actes de violence d'origine psychotique est nettement inférieur à celui de la population générale.»
Raphael M. serait donc un cas isolé qui n'aurait pas pu être évité? Les fonctionnaires présents à la conférence de presse sont unanimes: il serait prématuré de désigner des coupables. Il faut d'abord attendre l'enquête sur le cas.
Lukas Engelberger, chef du département de la santé, reconnaît: «Si les soupçons à l'encontre de Raphael M. se confirment, il est malheureusement vrai que nous, en tant que canton, n'avons pas pu assumer nos responsabilités de manière tragique».
*Nom connu
**Nom modifié