«Fier», «brillant» ou encore «somptueux»: telles sont les significations du nom alémanique «Tello» ou «Tallo», qui ont donné le nom du fameux héros national suisse, Guillaume Tell. Un monument à sa gloire trône sur la place de l’hôtel de ville d’Altdorf, chef-lieu du canton d’Uri.
Selon la légende, c’est là que le bailli des Habsbourg Hermann Gessler a fait placer son chapeau sur une perche, afin que tous les sujets locaux soient tenus de le saluer. Guillaume Tell refusa de saluer et, devant être puni, fut forcé de tirer un carreau d’arbalète sur une pomme posée sur la tête de son fils. On connaît la suite de l’histoire: le héros réussit et, pour se venger, tend une embuscade mortelle à Gessler.
Une pièce de Friedrich Schiller
La version la plus ancienne de cette légende se trouve dans le «Livre blanc de Sarnen» (1470). C’est à ce manuscrit que le poète allemand Friedrich Schiller se réfère lorsqu’il travaille à sa pièce de théâtre «Guillaume Tell» (1804).
«La hache dans la maison évite le travail du charpentier», «Celui qui veut devenir maître s’exerce tôt» ou encore «Un vrai tireur s’aide lui-même». La pièce devient célèbre et participe, depuis cette époque, au mythe de Guillaume Tell comme héros national de la Suisse.
Hitler apprécie d’abord l’histoire, puis la déteste
Au XIXe siècle, l’arbalétrier devient une figure d’identification centrale en Suisse, aussi bien dans les milieux conservateurs que progressistes de la Confédération. Il devient également connu à l’étranger avec des conséquences diverses: Adolf Hitler, par exemple, montre à quel point l’attitude envers Guillaume Tell peut être ambivalente.
Au départ, le dictateur allemand apprécie la légende de Guillaume Tell. Il va jusqu’à citer la pièce de Schiller dans son livre «Mein Kampf», en 1925. Plus, il autorisera une mise en scène de celle-ci, avec la maîtresse d’Hermann Göring dans le rôle de la femme de Tell.
Mais en 1941, il fait marche arrière. L’Allemagne est alors en guerre avec une grande partie de l’Europe et les représentations de «Tell», où un combattant de la liberté décide de se libérer de la coupe d’un tyran étranger en l’assassinant dans une embuscade, ne font pas bon ménage.
Consensus historique après 1945
L’histoire de Guillaume Tell est-elle trop belle pour être vraie? Les historiens ne se sont mis d’accord qu’après la Seconde Guerre mondiale: le personnage n’a jamais vécu et sa marque est purement légendaire. Jusqu’en 1945, cette question est même à l’origine d’une controverse dans les milieux scientifiques.
Quels sont les principaux arguments contre l’existence historique de Guillaume Tell? On n’a retrouvé aucune preuve de son existence mais surtout, il n’existe aucune preuve contemporaine de l’assassinat du bailli Gessler. Il n’est pas non plus possible de prouver l’existence d’une famille Tell dans le canton d’Uri.