Si les accusations de violences sexuelles révélées cet été et visant l'abbé Pierre choquent au moins autant en Suisse qu'en France, ce n'est pourtant pas la première fois que sa vie sexuelle fait scandale dans notre pays. La RTS rapporte que lors de ses nombreux séjours à Genève, l'abbé Pierre logeait à l'hôtel International & Terminus, à proximité du quartier des Pâquis. Il y a visité fréquemment la maison close de la prostituée Grisélidis Réal.
Dans l'émission «Ciel, mon mardi!» sur TF1, celle-ci avait publiquement parlé de ces allées et venues le 15 mai 1990, pour confronter le clergé. «La patronne nous avait dit: venez regarder par le trou de serrure de la salle de bains, il y a quelqu'un qui attend son tour. C'était quelqu'un d'extraordinaire, qui a fait beaucoup de bien à l'humanité. Jamais j'en ai parlé, mais aujourd'hui, je ne peux plus me taire. C'était un abbé, c'était l'abbé Pierre et je l'ai vu», avait alors affirmé Grisélidis Réal, nous rappelle la RTS.
Aucune conséquence pour l'abbé
Ces révélations n'ont pourtant pas eu de suites judiciaires sur l'abbé Pierre, qui a continué de venir à Genève. Grisélidis Réal n'était en fait pas la seule. Comme l'a découvert le Pôle enquête de la RTS, l'homme d'Église entretenait une liaison secrète avec une femme chrétienne, qui l'accompagnait lors de certains de ses déplacements, mais il rencontrait également d'autres femmes. Un proche de l'abbé a raconté à la RTS qu'il allait même jusqu'à mettre en garde celles qui l'approchaient, par crainte de comportements inappropriés.
Fondée par l'abbé Pierre dès 1957 pour accueillir les personnes démunies, la communauté des chiffonniers d'Emmaüs Genève affirme ne pas avoir eu connaissance de ces informations. Toutefois, toute référence à l'abbé Pierre sera retirée la semaine prochaine en discussion avec le comité, annonce son président. Un cabinet spécialisé pour traiter des accusations de violences sexuelles a été mandaté en juillet par Emmaüs international, la maison mère, pour se pencher sur les plaintes visant l'abbé Pierre. Deux personnes ont rapporté des faits s'étant produits en Suisse à ce jour.