Il est a priori surprenant qu'une telle demande vienne du camp UDC: dans un postulat, le conseiller national Erich von Siebenthal esquisse le souhait que le gouvernement s'intéresse aux thérapies de conversion. «Le Conseil fédéral est chargé d'établir un rapport sur la fréquence des thérapies de conversion en Suisse et d'examiner si le cadre légal actuel suffit pour lutter le cas échéant contre de telles pratiques», écrit le Bernois dans son intervention.
Derrière cet objet, il n'y a pas vraiment le souhait de protéger les personnes homosexuelles contre ces thérapies controversées, mais plutôt l'espoir que le Conseil fédéral arrive à la conclusion inverse - à savoir qu'une interdiction n'est pas nécessaire.
«Des thérapies peuvent servir»
Interrogé par Blick, le conseiller national de 63 ans ne cache pas ses intentions: fermer la porte par principe à ces thérapies censées «guérir» les homosexuels serait faire fausse route, selon lui: «Les tribunaux doivent décider au cas par cas - je trouve que c'est une erreur de s'y opposer d'emblée sur le plan politique.»
Le Bernois veut dans un premier temps que le gouvernement définisse clairement ce qu'est une «thérapie de conversion». Selon lui, il n'est pas clair quelles formes de thérapies tombent sous le coup de ce terme générique. Mais Erich von Siebenthal va plus loin. «On peut aussi soutenir les homosexuels avec des thérapies», assure-t-il.
Il faudrait également vérifier au préalable l'ampleur de ces pratiques en Suisse, et si cela justifie une interdiction à l'échelle nationale. Le rapport demandé au Conseil fédéral permettrait de le définir, estime l'élu. Un avis partagé par le gouvernement: en réponse au postulat, celui-ci se dit prêt à accepter l'intervention et à examiner une interdiction, sans davantage de détails.
Interdites en France
Actuellement, de telles thérapies sur des personnes homosexuelles ne sont pas poursuivies pénalement en Suisse. Le footballeur Andreas Keller avait par exemple confié à nos collègues alémaniques comment il avait été soumis à une telle thérapie pendant des années, sans conséquences.
Les choses bougent toutefois dans les cantons: le gouvernement de Bâle-Ville s'est prononcé dès la fin janvier en faveur d'une interdiction de telles thérapies et soutient également une initiative au niveau national. À Zurich aussi, une motion correspondante a été déposée en septembre dernier.
L'Autriche et l'Allemagne ont déjà interdit les mesures visant à modifier ou à supprimer l'orientation sexuelle ou l'identité de genre des personnes LGBT. Le Parlement français a aussi voté récemment une telle interdiction. Emmanuel Macron avait alors tweeté: «Ces pratiques indignes n'ont pas leur place dans la République.» Deux ans de prison et une amende de 30'000 euros sont encourus en cas d'infraction.