Gare au variant Delta
À quel point ce mutant est-il dangereux?

Depuis quelques jours, le variant Delta, aussi connu comme le variant indien, fait à nouveau parler de lui. Il alimente les craintes d'une recrudescence de la pandémie. À quel point est-il dangereux? Blick clarifie.
Publié: 17.06.2021 à 11:20 heures
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Dernière mise à jour: 01.07.2021 à 09:31 heures
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Le variant Delta est le nouveau nom du variant "indien" du coronavirus. Photo: cérémonies d'incinération à New Delhi.
Photo: imago
Sermîn Faki

Qu’est-ce que le variant Delta?

Jusqu’à récemment appelé variant «indien» du fait de sa première apparition dans ce pays, le variant Delta y a infecté, rendu malade et tué des centaines de milliers de personnes.

Pourquoi en parle-t-on maintenant?

Le variant Delta s’est depuis répandu dans le reste du monde. Au Royaume-Uni, qui a traditionnellement des liens étroits avec l’Inde, il est même devenu le variant dominant du Covid-19. Il y représente 90% de toutes les nouvelles infections, et on compte déjà 42’000 cas.

Le nombre total de nouvelles infections augmente à nouveau en conséquence. Le Royaume-Uni enregistre actuellement autant d’infections par jour que lors du pic de la deuxième vague, à la fin du mois de février. Le Premier ministre Boris Johnson a donc mis un terme à tout assouplissement supplémentaire.

Bien implanté au Royaume-Uni, le variant Delta a depuis été enregistré dans 70 autres pays. Aux États-Unis, 10% de toutes les nouvelles infections sont dues à ce variant et les chiffres doublent tous les sept à dix jours.

Et en Suisse?

En Suisse, le variant Alpha, ou variant anglais, reste dominant. Actuellement, 92% des infections sont causées par celui-ci, le coronavirus «original» provenant de Wuhan étant presque inexistant.

D’après les chiffres publiés le 3 juin, la diffusion du variant Delta était de 5% sur les sept jours précédents. Les chiffres de la veille montraient que la moyenne de diffusion sur sept jours était de seulement 1,3%. La forte hausse peut aussi être due à une aberration statistique. Les prochains chiffres devraient nous éclairer à ce sujet.

Toutefois, le boom des voyages pendant les vacances d’été est susceptible de favoriser la propagation du virus. Selon Virginie Masserey de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), tout est encore sous contrôle. Toutefois, la situation est suivie de près et des mesures seront prises si nécessaire.

Le variant Delta va-t-il remplacer l’Alpha?

La plupart des virologues et des épidémiologistes le supposent. «On peut dire avec certitude qu’il sera encore présent à l’automne», selon le virologue allemand Christian Drosten. La grande question ne semble pas être de savoir si le variant Delta va remplacer l’Alpha, mais plutôt à quel point.

Est-il plus contagieux?

Oui, mais les recherches n’ont pas encore démontré à quel niveau. Les estimations vont de 40 à 60% de plus par rapport à l’Alpha, qui est déjà 50% plus contagieux que le virus original. Les experts s’accordent cependant à dire que le Delta est le variant le plus contagieux du virus que nous connaissons à ce jour.

Est-il plus dangereux?

On en sait en fait encore trop peu à ce sujet. De nouvelles hospitalisations et de nouveaux décès sont signalés en Grande-Bretagne. Selon les dernières données, pas moins de douze patients qui avaient été vaccinés sont morts. Cependant, on n’en sait pas plus sur ces décès — l’âge des victimes, si leur système immunitaire était diminué par un traitement médicamenteux ou s’il s’agissait d’une épidémie dans une maison de retraite par exemple —, ce qui empêche de tirer des conclusions claires.

En outre, les hospitalisations et les décès ne sont survenus que quelques semaines après l’infection, ce qui signifie que les personnes qui sont actuellement hospitalisées ont été infectées il y a quatre à six semaines. À cette date, le virus circulait principalement parmi la population d’origine indienne du Royaume-Uni.

Toutefois, comme dans de nombreuses communautés immigrées, le taux de vaccination est plutôt faible, explique Christian Drosten. Ce n’est que lorsque le variant Delta se sera établi dans la population générale que «nous verrons vraiment quelle est la gravité globale de la maladie avec ce variant».

La vaccination protège-t-elle contre le variant Delta?

Oui, bien qu’il y ait des différences: il semble actuellement que les vaccins à ARNm comme ceux utilisés en Suisse (Pfizer/BioNTech, Moderna) protègent mieux contre le virus que, par exemple, ceux d’Astrazeneca.

Par exemple, le ministère britannique de la santé suppose une protection de 88% avec une vaccination complète avec Pfizer/BioNTech, et de «seulement» 60% avec Astrazeneca. À cela s’ajoute le fait que les personnes qui n'ont reçu qu'une seule dose de vaccin ne sauraient protégées qu'à 33% contre le variant Delta.

>> À lire également: Covid-19: premiers résultats décevants pour le vaccin de CureVac

On le voit bien au Royaume-Uni: bien que 43% des personnes soient actuellement totalement vaccinées et que plus de 60% aient reçu au moins une piqûre, le variant Delta continue de se propager, particulièrement dans le groupe d’âge entre 10 et 39 ans, qui est moins vacciné voire pas du tout.

Ce qui est très différent chez les personnes entièrement vaccinées: dans une vaste étude britannique portant sur 45’000 travailleurs de la santé vaccinés, aucune augmentation des nouvelles infections n’a été constatée. En d’autres termes, la meilleure protection contre le variant Delta reste la vaccination. Plus tôt elle sera effectuée, chez nous aussi, moins le variant indien sera dangereux.

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