Vaut-il mieux dépenser des milliers de francs chez le vétérinaire, ou expliquer à ses enfants que leur chat adoré doit être euthanasié? La médecine vétérinaire moderne pousse les propriétaires d'animaux domestiques face à un dilemme de taille.
Notamment parce que ce qui était encore impensable il y a quelques années est aujourd'hui devenu possible: chimiothérapies et prothèses de hanche pour les chiens, psychotropes et chiropractie pour les chats... il existe même des opérations de chirurgie esthétique pour nos amis à quatre pattes! Seulement voilà, les prix de ces interventions compliquées sont inabordables pour beaucoup de propriétaires.
C'est pourquoi certains maîtres et maîtresses vont jusqu'à s'endetter ou optent pour des appels aux dons sur Internet. On trouve des dizaines d'appels de ce type sur les plateformes correspondantes.
10'000 pour la survie de Simba
Et l'un de ces appels aux dons concerne Simba. Malgré de nombreux examens, les propriétaires de cette chatte ne savent toujours pas de quoi elle souffre exactement. Mais ce qui est sûre, c'est que pour pouvoir continuer à vivre, l'animal a besoin d'un traitement régulier, elle a même passé une IRM. Dans une clinique vétérinaire, on a découvert que le chat avait de l'eau dans les poumons et comme il ne mangeait pas, on lui a posé une sonde gastrique.
Jusqu'à présent, le coût total de ces interventions s'élève à… 7000 francs! «Et ce n'est malheureusement pas fini», raconte Alex Liprani de Ferden (VS) qui s'attend à des frais allant jusqu'à 10'000 francs. Il a lancé un appel aux dons sur Internet avec sa partenaire Sara Nanzer: «Pour notre famille, Simba est comme une fille.»
Des progrès... et des non-sens
L'évolution de la médecine vétérinaire est positive, comme l'explique Julika Fitzi-Rathgen, vétérinaire et juriste, également membre de la direction de la Protection suisse des animaux (SPA) depuis l'année dernière: «Autrefois, la décision d'euthanasier un animal malade était souvent prise très rapidement. Aujourd'hui, de nombreux propriétaires investissent plus de temps et d'argent pour découvrir de quoi souffre l'animal et quelles sont les possibilités de traitement.»
Mais ce n'est pas le cas de tous les traitements. Par exemple, Julika Fitzi-Rathgen ne soutient pas la tendance à la chirurgie plastique chez les animaux, surtout à l'étranger: «Certaines interventions n'ont pas grand-chose à voir avec le bien-être animal, comme les implants testiculaires après une castration pour des raisons esthétiques.» Elle porte également un regard critique sur les chimiothérapies: «Elles sont souvent extrêmement pénibles et le pronostic final reste incertain.»
Les organisations de protection des animaux sont, elles aussi, régulièrement confrontées au fait que les propriétaires ne peuvent pas se permettre ces traitements coûteux. Selon Julika Fitzi-Rathgen, il existe de nombreux fonds auxquels on peut s'adresser pour les propriétaires d'animaux en situation d'urgence. Il faut toutefois des justificatifs, comme des avis d'aide sociale ou de prestations complémentaires ou des documents fiscaux. «En règle générale, ces demandes sont examinées par les sections locales de la Protection suisse des animaux, ce qui garantit que les fonds parviennent bien à ceux qui en ont besoin.»
Les coûts peuvent peser lourd sur les finances des propriétaires
Mais en réalité, on s'attend à ce qu'un propriétaire se questionne à l'avance s'il peut se permettre d'avoir un animal ou non, même si des imprévus surviennent: «Une assurance maladie pour animaux est en principe judicieuse, même si de nombreux frais courants, comme la castration ou les vaccins, ne sont généralement pas couverts.» Or, ceux-ci entraînent parfois des coûts élevés que les propriétaires devraient pouvoir assumer s'ils adoptent un animal de compagnie.
Les appels sur les plateformes dites de crowdfunding comme Gofundme.com sont pratiques pour les détenteurs, mais plus risqués pour les donateurs. Si les appels privés sur ce site concernent principalement des chiens et des chats, des dizaines et des dizaines d'appels aux dons sont disponibles sur le site et il ne s'agit que des plus récents! La plupart de ces appels ont des objectifs de dons compris entre 1000 et 5000 francs, mais seuls quelques-uns reçoivent une somme à quatre chiffres.
Mais le labrador mâle Milow est l'exception à la règle. Après un empoisonnement, le chien est tombé gravement malade. L'appel aux dons a permis cette fois-ci de récolter l'impressionnante somme de 5500 francs. De son côté, Tosia a eu moins de chance. Après un accident, le chat a dû être amputé de la queue, mais la plaie ne se referme pas et les dépenses s'élèvent aujourd'hui à 4500 francs, pour lesquelles seulement 155 francs ont été donnés. Le traitement de Huncho, un chien mâle, est particulièrement douloureux et coûteux. Une centaine de calculs rénaux ont dû lui être retirés pour un coût total de 7000 francs, dont un quart a été récolté jusqu'à présent.
Collecte de fonds: opportunité et risque
Les donateurs doivent toutefois se demander si leur argent arrive vraiment à destination dit Julika Fitzi-Rathgen: «Ceux qui veulent être sûrs que les dons servent au bien-être des animaux devraient plutôt s'adresser à de grandes organisations de protection des animaux.»
Pour la famille de Simba, ces considérations n'ont pas de sens: «Nous voulons juste qu'elle se rétablisse», dit Alex Liprani. Même si la famille ne se met pas dans le rouge à cause des interventions vétérinaires, elle devra faire quelques concessions. Les donateurs sur Gofundme.com sont tenus au courant des mises à jour et tous les traitements sont communiqués de manière transparente. Entre-temps, 1300 francs ont été récoltés pour un objectif de don de 1600 francs.
La sonde gastrique a été retirée et Simba se déplace à nouveau de manière tout à fait convenable, mais la famille attend toujours le résultat d'une analyse sanguine. «Nous continuons à faire tout notre possible pour la sauver», dit Alex Liprani. «Ce n'est que s'il s'agissait d'une maladie incurable que nous serions contraints d'abandonner et de l'euthanasier.»