Fiona M.* est assise sur une montagne de dettes de plus de 150'000 francs, après l'échec de son activité indépendante dans la restauration. Comme son partenaire commercial a disparu, cette presque soixantenaire est responsable de l'ensemble des dettes de la société en nom collectif.
Parallèlement, elle a dû faire face à un diagnostic de cancer. Mais une lueur d'espoir surgit des ténèbres pour les personnes surendettées grâce au projet «Neustart». Fiona est la première personne à obtenir un prêt sans intérêt.
Des prêts sans intérêt
«Le surendettement est plus qu'un problème financier. Il menace des existences et des familles entières», explique Marie Bitumba-Bousfield, directrice du projet. C'est pourquoi la Banque Alternative Suisse et Caritas ont créé une société simple, comme l'a appris Blick.
Outre des prêts sans intérêt, la société soutient également les personnes surendettées pour les frais de justice et d'avocat. Les partenaires du projet prévoient d'informer prochainement le public de leur projet.
«Les personnes concernées peuvent rembourser le prêt en plusieurs fois, sans avoir à payer d'intérêts supplémentaires. Cela allège énormément le processus de désendettement et enlève la pression du système», explique Marie Bitumba-Bousfield. Les personnes concernées ont trois ans pour rembourser.
La faillite personnelle comme solution
Le surendettement peut être source de stress, d'insomnie, voire d'isolement social. Pour beaucoup, sortir de la spirale de l'endettement est presque impossible, comme le montre l'exemple de Fiona. Grâce à une relation de travail stable, elle a déjà pu rembourser 120'000 francs. Son salaire est toutefois saisi depuis de nombreuses années, ce qui entraîne un nouvel endettement auprès des impôts. Avec l'avance qu'elle reçoit grâce au projet, elle peut maintenant déposer une faillite privée.
Une faillite privée a du sens si l'on peut couvrir les frais courants et ne pas s'endetter à nouveau. Les dettes existantes deviennent caduques à partir de la date d'ouverture. Mais elles ne deviennent pas simplement caduques. A la fin de la procédure de faillite, les créanciers reçoivent un acte de défaut de biens pour les créances ouvertes, qui expire au bout de 20 ans. C'est la durée pendant laquelle la femme de 57 ans est alors en paix avec ses créanciers, à condition qu'elle ne s'endette pas à nouveau.
Chaque cas donne droit à 30'000 francs
Les personnes surendettées ne peuvent toutefois pas demander elles-mêmes les prêts sans intérêt. Seuls les spécialistes du conseil en matière de dettes, membres de l'association faîtière Dettes Conseils Suisse, sont autorisés à déposer une demande. Cela permet de s'assurer que les personnes qui reçoivent les prêts sont déjà conseillées par des professionnels.
Dans toute la Suisse, 412'762 personnes sont considérées comme surendettées, selon les chiffres de l'agence de renseignements économiques CRIF. Souvent, ces personnes contractent des crédits coûteux à cause de leurs dettes – et s'endettent ainsi encore plus. En moyenne, les personnes qui cherchent de l'aide auprès de l'association faîtière du conseil en matière d'endettement sont assises sur une montagne de dettes de 61'000 francs.
Les conseillers peuvent demander un maximum de 30'000 francs par cas. Le capital de départ du projet s'élève à un million de francs. Il n'existe pas encore de concept comparable en Suisse alémanique. Alors qu'en Suisse romande, il existe déjà des fonds de désendettement.
*Nom modifié par la rédaction