Son mari la trompait. Régulièrement. Marina Staubli* a donc souhaité le quitter. «Mais il a menacé de m'enlever mes enfants et de mettre le feu à l'appartement». Lorsqu'elle a subi une hémorragie cérébrale et s'est retrouvée paralysée d'un côté, les humiliations ont commencé. «Il me disait que je ne valais plus rien, que je n'étais plus qu'un fardeau pour le système», raconte Marina Staubli. Il y a deux mois, elle a réussi à s'échapper.
Qu'il s'agisse de menaces et d'humiliations, comme dans son cas, ou de coups et d'agressions comme dans d'autres cas: près d'une femme sur deux en Suisse a déjà subi des violences dans une relation de couple. C'est ce que montre la nouvelle étude de l'organisation faîtière des maisons d'accueil pour femmes en Suisse et au Liechtenstein (DAO), qui a été réalisée par le centre de recherche Sotomo. Il s'agit de la première étude complète sur le thème de la violence domestique.
Les féminicides ne sont que la partie émergée de l'iceberg
La violence contre les femmes est une préoccupation en Suisse. Selon le projet de recherche «Stop Feminicide», toutes les deux semaines et demie, une femme meurt sous les coups d'un membre masculin de sa famille. L'année dernière, la Confédération a enregistré plus de 20'000 cas de violence domestique. Un niveau record, avec un nombre inconnu de cas non signalés. La nouvelle étude montre que ce n'est que la partie émergée de l'iceberg.
Qu'entendent les chercheurs par violence domestique? L'enquête couvre la violence physique et sexuelle, mais aussi la violence psychologique, qui comprend les menaces et les humiliations. Trois cents femmes et hommes âgés de plus de 16 ans en Suisse ont été interrogés.
Le revenu a une influence, l'éducation et la nationalité n'en ont pas
Les résultats sont choquants : 42 % des femmes et 24 % des hommes ont déjà subi des violences dans une relation. Elle survient le plus souvent dans la tranche d'âge des 26 à 45 ans, et le moins souvent dans les relations entre 16 et 25 ans.
Les personnes qui gagnent moins de 4000 francs par mois sont significativement plus susceptibles d'être victimes ou auteurs que celles dont le revenu est supérieur à 10'000 francs. En revanche, le niveau d'éducation ou le fait d'avoir le droit de vote en Suisse n'ont pas d'influence significative sur ce point, selon les chercheurs.
Une personne interrogée sur cinq pense également qu'une dispute violente peut survenir dans une relation passionnelle. Selon l'étude, un bon cinquième des hommes et un septième des femmes pensent que les personnes habillées de manière sexy portent une certaine responsabilité lorsqu'elles sont harcelées.
«Mon premier mari me battait régulièrement.»
«Après un partenariat de sept ans, j'ai été étranglée à plusieurs reprises au cours d'une nuit. Avec l'aide de mes collègues et de ma famille, je l'ai mis à la porte.»
«Je suis un homme et ancien combattant d'arts martiaux. J'ai été battu par une femme à plusieurs reprises. Cela a été traumatisant et détruit ma confiance en moi».
«J'ai subi des violences psychologiques. Elles ne laissent pas de traces, mais peuvent pousser les victimes au suicide. C'est pourquoi j'ai fondé une association pour les victimes.»
«Pendant plus de 13 ans, j'ai subi des violences physiques et psychologiques, que je ne peux toujours pas oublier. Il est important d'en parler, car le traumatisme reste présent.»
«Mon premier mari me battait régulièrement.»
«Après un partenariat de sept ans, j'ai été étranglée à plusieurs reprises au cours d'une nuit. Avec l'aide de mes collègues et de ma famille, je l'ai mis à la porte.»
«Je suis un homme et ancien combattant d'arts martiaux. J'ai été battu par une femme à plusieurs reprises. Cela a été traumatisant et détruit ma confiance en moi».
«J'ai subi des violences psychologiques. Elles ne laissent pas de traces, mais peuvent pousser les victimes au suicide. C'est pourquoi j'ai fondé une association pour les victimes.»
«Pendant plus de 13 ans, j'ai subi des violences physiques et psychologiques, que je ne peux toujours pas oublier. Il est important d'en parler, car le traumatisme reste présent.»
Seul un quart d'entre eux s'adresseraient à une agence spécialisée
Les personnes extérieures remarquent souvent les troubles au sein d'une relation. Un peu plus d'un tiers des répondants ont déjà soupçonné qu'un couple de leur environnement immédiat a connu des violences.
Néanmoins, beaucoup d'entre eux ne sont pas prêts à intervenir. Deux tiers des personnes interrogées en parleraient à la personne victime de violence, et 37% appelleraient la police. Mais seuls 27% contacteraient une institution spécialisée. L'une des raisons est que ces services restent méconnus. Les refuges pour femmes espèrent agir contre ce phénomène.
La toute première campagne sur le sujet est en cours
En signant la Convention d'Istanbul du Conseil de l'Europe, la Suisse s'est engagée à prendre des mesures globales contre la violence envers les femmes et les filles. Une ligne téléphonique nationale de conseil doit être mise en place. Mais le sujet est encore loin d'être empoigné à bras le corps par la politique, compte tenu de son caractère explosif, estime Susan A. Peter, directrice générale de la Fondation du foyer pour femmes de Zurich.
Plus de 90% des participants à l'étude souhaiteraient que les pouvoirs publics consacrent plus d'argent aux campagnes contre la violence domestique dans les couples. Pour ce faire, la DAO a lancé cette semaine la première campagne de sensibilisation nationale sur ce thème. Les affiches montrent les objets réels que quatre femmes avaient sur elles lorsqu'elles se sont enfuies au refuge pour femmes.
* Prénom d'emprunt
(Adaptation par Jocelyn Daloz)