«Pas ce soir, je suis fatigué(e).» La phrase vous semble familière? Rassurez-vous! C’est le principal enseignement de notre grand sondage sur la sexualité — réalisé auprès d’un échantillon représentatif de plus de 1000 personnes, en partenariat avec M.I.S Trend: les Romandes et les Romands ont une activité sexuelle bien plus faible qu’il y a vingt ans.
C’est un paradoxe: à l’heure où le sexe inonde le web, jamais nous n’avions aussi peu fait l’amour. Pourquoi? Que se passe-t-il sous les couettes romandes en 2023? À l’occasion de la Saint-Valentin, Blick a voulu le savoir. Plus de 1000 personnes — un échantillon représentatif constitué par l'institut M.I.S Trend — ont accepté de répondre sans tabou sur leurs habitudes intimes. Fréquence des rapports, nombre de partenaires, pratiques, consommation de pornographie, différences entre hétéros et non-hétéros: nous vous proposons cinq volets pour tout savoir, dont un consacré aux violences sexuelles.
C’est un paradoxe: à l’heure où le sexe inonde le web, jamais nous n’avions aussi peu fait l’amour. Pourquoi? Que se passe-t-il sous les couettes romandes en 2023? À l’occasion de la Saint-Valentin, Blick a voulu le savoir. Plus de 1000 personnes — un échantillon représentatif constitué par l'institut M.I.S Trend — ont accepté de répondre sans tabou sur leurs habitudes intimes. Fréquence des rapports, nombre de partenaires, pratiques, consommation de pornographie, différences entre hétéros et non-hétéros: nous vous proposons cinq volets pour tout savoir, dont un consacré aux violences sexuelles.
En moyenne, les interrogées et interrogés ne font l’amour que 1,4 fois par semaine, contre 2,3 fois en 2003, lorsque «L’Hebdo» avait pris le pouls de la sexualité dans notre coin de pays. Si le fait qu’Internet a remplacé le téléphone comme outil de sondage peut expliquer une partie de cette différence, la baisse est néanmoins très marquée et se reflète dans toutes les catégories: hommes, femmes, jeunes, vieux, personnes en couple ou célibataires.
Pour les couples ensemble depuis moins de 10 ans, la moyenne est passée de 3,1 fois par semaine à 2,1 et pour les couples ensemble depuis plus de 10 ans de 2,3 fois par semaine à 1,2. En moyenne, c'est six fois par mois si l'on prend tous les couples en considération. Les personnes seules ont quant à elles 1,2 rapport par semaine, contre 1,8 fois par semaine il y a vingt ans.
Cet appétit sexuel en berne n’étonne pas les spécialistes. Blick a sollicité Aline Tatone, psycho-sexologue installée à Neuchâtel. La thérapeute voit défiler les couples inquiets à ce propos: «Nos vies stressantes sont l’ennemi numéro un de nos vies sexuelles. D’autre part, les femmes sont aussi plus enclines qu’il y a vingt ans à dire 'non', à ne pas répondre à l’injonction de coucher parce qu’elles sont en couple.»
Une frustration plus marquée chez les 55 ans et plus
L’activité sexuelle — chez les hétéros en tout cas, qui représentent 90% de l’échantillon — fait aussi face à une plus grande concurrence, et pas seulement de Netflix. «Les femmes d’aujourd’hui travaillent, mais s’offrent aussi le droit d’aller faire du sport, d’aller faire un soin, de se retrouver avec des amies pour boire un verre, et sont donc moins disponibles, souligne Aline Tatone. D’autre part, on remarque que les femmes osent désormais davantage parler de leur stress.»
Et peut-être aussi de leur inassouvissement au lit: en 2023, 63% des Romandes et des Romands se disent «assez satisfaits» ou «très satisfaits» de leur vie sexuelle. Il y a vingt ans, c’était largement plus (85%). La frustration est particulièrement marquée chez les 55 ans et plus, dont moins de la moitié en est content ou contente.
Parmi les 1045 personnes sondées, six sur dix souhaiteraient avoir davantage de rapports. C’est encore davantage chez les 30-39 ans, qui sont 75% à rêver d’une vie sexuelle plus active.
Où est-ce que ça coince? L’ennemi numéro un de la libido est connu, et confirmé par notre enquête: la fatigue, qui freine 41% des sondées et sondés. Viennent ensuite la surcharge de travail ou le stress (27%) et le manque de temps (23%).
Les femmes mettent aussi en avant un certain manque de libido. Elles sont 25% à le mentionner, ce qui se vérifie grâce à la part d’hommes qui évoquent… un «manque de libido de leur partenaire» (28%). Chez les 30-39 ans, la grossesse et/ou la présence d’enfants en bas âge explique le repli de l’activité sexuelle dans plus de 30% des cas. «C’est logique: aujourd’hui, on accueille son premier enfant entre 31 et 32 ans», rappelle Aline Tatone.
4% de vierges à 30 ans
Conclusion plus surprenante, à l’heure où la parole est dite «libérée»: la communication entre partenaires est relativement faible, et en baisse. En 2003, 86% des sondées et sondés en couple disaient pouvoir parler ouvertement de leurs envies et de leurs fantasmes avec leur partenaire. Cette part a plongé en vingt ans: -31%! Résultat, presque 40% aimeraient pouvoir parler davantage de sexualité, contre 17% seulement en 2003. Des hommes, en grande majorité.
Voilà pour ce qui est de l’insatisfaction. Mais heureusement, notre sondage donne aussi un bon aperçu de ce qui fait vibrer les Romandes et les Romands derrière les portes closes. Que se passe-t-il dans les chambres à coucher de Satigny à Orsières en passant par Marsens et Saint-Blaise? Avant d’explorer plusieurs aspects de la thématique ces prochains jours, commençons par un tour d’horizon.
Premier enseignement: les jeunes découvrent le sexe toujours plus tard. En 2023, la première relation a lieu à 18,3 ans en moyenne, contre 17,7 ans il y a vingt ans. Les femmes (17,8) sont plus précoces que les hommes (18,7). Une personne sur cinq n’a pas encore fait l’amour à 20 ans, tandis que 4% étaient encore vierges à 30 ans.
Près de 14 partenaires en moyenne
En moyenne, chaque Romande et Romand a eu 13,6 partenaires différents. Un nombre en hausse par rapport à 2003 (12,9). Relevons ici une différence entre les genres: 14,7 partenaires en moyenne pour les hommes, contre 12,5 pour les femmes. Comment l’expliquer? Par la «vantardise» masculine? Pas uniquement, en tout cas. La présence de davantage d’hommes non hétéros que de lesbiennes ou bisexuelles dans notre échantillon peut également en être un facteur — en moyenne, les personnes homo- et bisexuelles ont connu plus de 25 partenaires.
Moins de sexe, mais plus de partenaires: sommes-nous dans une «fast-foodisation» des relations charnelles? «On voit, surtout chez les moins de 50 ans, une plus grande propension à utiliser Tinder pour chercher un ou une partenaire, constate la psycho-sexologue Aline Tatone. En consultation, je rencontre beaucoup de femmes, qui ont entre 20 et 30 ans et qui sont sur Tinder uniquement pour le sexe.»
C’est d’ailleurs l’une des conclusions les plus frappantes de notre grand sondage: les relations sexuelles avec un inconnu ou une inconnue ont explosé en vingt ans. Les femmes n’étaient que 16% à avoir couché avec quelqu’un qu’elles ne connaissaient pas en 2003, contre presque 40% en 2023! «Aujourd’hui, il est beaucoup plus facile d’avoir un rapport sans lendemain, éclaire la spécialiste. Sans oublier que les femmes sont beaucoup plus libres, plus libérées et moins vues comme des 'salopes' si elles couchent souvent.»
Le «plan à trois» gagne du terrain
Néanmoins, d’une manière générale, le modèle du couple traditionnel garde la cote: 76% répondent avoir un ou une partenaire régulière, une statistique très stable par rapport à 2003 (77%), et 73% de la Suisse romande est en couple exclusif. La nouveauté se trouve dans le couple libre et le polyamour, qui séduisent 5% des 18-29 ans. «C'est une vraie tendance», confirme Aline Tatone. Actuellement, la spécialiste suit trois couples — sur une douzaine au total — qui commencent à explorer ce genre de modèles. «Il y a une volonté de s’écarter du couple traditionnel, modèle imposé et pas forcément simple à vivre. Alors qu’il y a 50% de divorces, les nouvelles générations se disent que ce modèle traditionnel ne fonctionne pas et ne veulent pas en souffrir.»
Et les partouzes, dans tout ça? Le fameux «plan à trois», qui arrive en tête d’à peu près tous les classements des fantasmes les plus répandus, reste relativement peu pratiqué dans les faits. Une personne sur cinq (20%) dit l’avoir expérimenté, un chiffre en augmentation (+5%) par rapport à 2003. Pour ce qui est de l’échangisme, la part n’est «que» de 8%. À noter encore que 19% de notre échantillon a franchi le pas du sexe homo. Et ce, alors que seuls 10% des sondées et sondés se considèrent comme «non-hétéros».
Un homme sur trois a payé pour du sexe
Parmi les autres aspects explorés par l’institut M.I.S Trend sur mandat de Blick, on peut relever une catégorie que les hommes archi-dominent: le recours à du sexe tarifé. Plus de 35% des hommes avouent avoir déjà payé pour du sexe, contre 3,1% pour les femmes. Parmi les hommes, 2,7% disent le faire régulièrement, 16,9% occasionnellement et 16% l’avoir fait à «une seule reprise».
Fait surprenant: les personnes en couple sont plus nombreuses à ouvrir leur portemonnaie pour du sexe, en particulier celles dont la relation a commencé il y a moins de dix ans et chez les 30-39 ans. Et attention: on parle bien ici de sexe «physique» tarifé, et non des nouvelles formes d’érotisme comme le site OnlyFans, par exemple.
Si vous êtes arrivé(e) jusqu’ici, c’est que la thématique vous intéresse. Réjouissez-vous! Tout au long de la semaine, nous vous proposons d’explorer la sexualité en quatre autres épisodes, toujours sur la base de ce même sondage. Jusqu’à dimanche, vous découvrirez le boom de la pornographie, les pratiques toujours plus originales (néanmoins très conservatrices) de notre coin de pays, les différences notables entre les hétéros et les non-hétéros, sans oublier les aspects moins reluisants de la sexualité par chez nous.
En voici un pour terminer: les Romandes et Romands se protègent peu! Sur les 1054 personnes interrogées, 37% avouent ne jamais le faire, que ce soit pour éviter une grossesse ou de contracter une maladie sexuellement transmissible. «Ça m’étonne relativement peu, reconnaît Aline Tatone. Avec l’apparition du sida dans les années 1980, on avait beaucoup axé sur la prévention. Aujourd’hui, avec les traitements qui permettent d’anéantir sa charge virale, la protection a un peu moins de sens. Et surtout, l’OMS (ndlr: Organisation mondiale de la santé) fait aussi la promotion de la vie sexuelle, du plaisir orgasmique. Sans oublier qu’il n’est pas toujours évidemment de trouver une protection ou d’y penser dans un moment d’excitation.»
Ce sondage de M.I.S Trend a été mené en collaboration avec Blick. L'étude a été menée en ligne entre le 24 et le 30 janvier 2023. Au total, 1045 personnes ont répondu à 21 questions. Les résultats ont été pondérés de manière à obtenir des chiffres représentatifs pour la population romande. La marge d'erreur maximale est de plus ou moins 3% sur l’échantillon total.
L'évolution de certaines habitudes sexuelles a pu être observée grâce à un autre sondage, déjà réalisé par M.I.S Trend, publié à l'époque par «L'Hebdo» en 2003. Les données avaient alors été recueillies par téléphone et la différence de méthodologie peut expliquer certains écarts dans les résultats, répondantes et répondants faisant généralement preuve d'une plus grande honnêteté lors d'un sondage en ligne.
Ce sondage de M.I.S Trend a été mené en collaboration avec Blick. L'étude a été menée en ligne entre le 24 et le 30 janvier 2023. Au total, 1045 personnes ont répondu à 21 questions. Les résultats ont été pondérés de manière à obtenir des chiffres représentatifs pour la population romande. La marge d'erreur maximale est de plus ou moins 3% sur l’échantillon total.
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