Ce fut un trajet mouvementé pour les 35 passagers de téléphérique qui sont montés à bord du Crap Sogn Gion à Laax, le 5 janvier 2022. Les vidéos prises par des passagers à bord de la remontée mécanique de la station grisonne montrent comment la cabine touche des arbres avant de frôler le sol.
Après un freinage d'urgence brutal qui projette plusieurs personnes au sol de la nacelle, le téléphérique fait marche arrière et ramène sains et saufs les passagers. Une femme a subi une déchirure de la capsule articulaire de l'annulaire.
Le téléphérique est-il passé à deux doigts de la catastrophe? La vie des personnes était-elle en danger? Les exploitants du groupe Weisse Arena se sont montrés prudents dans leur communication depuis l'accident. Pour étouffer l'affaire? Quoi qu'il en soit, le rapport interne est désormais sorti. Il analyse l'accident étape par étape.
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Le système de mesure de la charge était désactivé
Les choses tournent généralement mal lorsque des erreurs humaines s'ajoutent à des dysfonctionnements techniques. Laax n'a pas fait exception, comme le rapporte la «NZZ», qui a pu consulter le rapport du groupe avant sa publication officielle. L'enchaînement des événements aurait commencé par un dispositif de mesure de charge défectueux dans la suspension de la nacelle. L'appareil est censé signaler si une nacelle est trop lourde. Pour le téléphérique en question, la limite est d'environ 10 tonnes, plus une tolérance de 10%. Si la charge est plus élevée, le système de mesure devrait empêcher le trajet.
Si, comme c'était le cas au moment de l'accident, une charge est suspendue en bas de la nacelle, le système devrait donner l'alerte dès 7,5 tonnes. La charge suspendue est plus proche du sol que la nacelle, la manoeuvre est donc plus délicate. Au Crap Sogn Gion, le terrain est conçu de telle manière que même avec une charge suspendue de 7,5 tonnes, la distance de sécurité soit encore suffisante pendant tout le trajet.
Comme il ressort du rapport, le dispositif de mesure de la charge n'était toutefois pas en service sur la cabine concernée. Selon le CEO de Weisse Arena, Markus Wolf, l'appareil ne fonctionnait pas correctement depuis un certain temps et a donc été désactivé en décembre.
Pas d'interdiction de chargement, calcul erroné
Malgré cela, le technicien responsable n'avait pas interdit le transport de charges dans la nacelle. C'était la première erreur. «Le fait qu'il n'existait aucune directive interne stipulant que les trajets de transport ne pouvaient être effectués qu'avec la nacelle dont le système était intact a conduit au trajet en question», peut-on lire dans le rapport.
La deuxième erreur s'est produite directement lors du chargement de la nacelle. Le machiniste y a accroché un dispositif pour transporter du matériel de scène et des poids destinés à la fixation de structures d'un événement de snowboard. Il est parti du principe que chaque pierre pesait 500 kilos. En réalité, elles pesaient deux fois plus.
Avec les 35 passagers de la nacelle à bord, la charge utile s'élevait alors à 10,4 tonnes. Le câble s'est donc affaissé plus que prévu. En conséquence, la cargaison accrochée est entrée en contact avec le terrain à certains endroits.
Poursuite du voyage malgré le contact avec la cime des arbres
La troisième erreur est à imputer au conducteur de la nacelle: il a continué à rouler peu après le premier pylône, lorsque la charge avait déjà touché plusieurs cimes d'arbres et cassé des branches. Ce n'est que lorsque la nacelle de charge a traîné au sol sur plusieurs mètres qu'il a arrêté la cabine.
Contrairement aux prescriptions, l'incident n'a pas été signalé directement au Service d'enquête suisse sur la sécurité (SUST) le jour de l'événement, mais seulement à l'Office fédéral des transports (OFT). «Nous ne voulions clairement pas dissimuler l'incident. Nous pouvons le prouver: nous avons immédiatement fait une déclaration sur la plateforme d'incidents de l'Office fédéral des transports, ce qui a également déclenché une déclaration au Service d'enquête de sécurité suisse», déclare le CEO de Weisse Arena à la «NZZ».
Les systèmes de sécurité «fonctionnent parfaitement»
Selon le rapport interne, les passagers n'ont «à aucun moment été en danger de mort». Les enquêteurs ont vérifié avec le constructeur ferroviaire Garaventa si cet événement aurait pu avoir des conséquences potentiellement graves.
«Ni un contact direct de la nacelle avec le sol, ni un déraillement du véhicule, ni une rupture du câble tracteur ou porteur ont été estimés comme des scénarios réalistes», peut-on lire dans le rapport. «Pour chaque cas, il existerait d'autres dispositifs de sécurité qui empêchent ces scénarios catastrophes». Tous ces systèmes de sécurité «fonctionnaient et fonctionnent parfaitement».
(Adaptation par Jocelyn Daloz)