Les photos prises par Maxime*, l'un de nos lecteurs, sont impressionnantes: au lieu de survoler les sapins, la cabine rectangulaire du téléphérique de Laax les percute, provoquant une grosse frayeur parmi les occupants. Notre témoin dégaine son téléphone et tente maladroitement de filmer. On voit les branches de conifère être cassées par la nacelle, rendue trop lourde par une charge inhabituelle.
Selon les premiers éléments, c'est en raison de cette surcharge que la cabine a dû rebrousser chemin avec 35 personnes à bord après avoir percuté la colline. Le pilote a heureusement pu faire revenir le véhicule à la station de départ alors que celle-ci avait déjà fait les deux tiers du parcours menant au Crap Sogn Gion, un sommet d'un peu plus de 2200 mètres.
Peu avant cette volte-face, la cabine avait raclé le sol dans un violent choc qui a fait tomber certains occupants. Une jeune fille s'est légèrement blessée à un doigt, mais les passagers en ont surtout été quittes avec une grosse frayeur. Le Service d'enquête suisse sur les accidents (SESA) a ouvert une enquête.
Pourquoi ne pas avoir agi plus tôt?
Celle-ci devra répondre à une première question: pourquoi ne pas avoir arrêté la cabine plus tôt? «Il était clair dès le départ que nous étions beaucoup trop bas!», assure à Blick le passager qui a pris les photos. Maxime ne comprend pas pourquoi le conducteur n'a pas réagi plus rapidement: «La collision avec les branches que j'ai filmée s'est déroulée plusieurs centaines de mètres avant l'impact!»
C'est le chargement sous la cabine, qui a contribué à alourdir de manière excessive le convoi, qui a heurté le sol. «Il semble que quelqu'un pouvait piloter la télécabine à distance, puisque nous avons fait marche arrière. Le chargement a traîné sur le sol sur une grande partie du chemin. Comment les responsables ont-ils pu être sûrs que l'installation était encore suffisamment en état pour que l'on puisse revenir?
La question revêt d'autant plus d'enjeu que dans sa manoeuvre de rapatriement vers la vallée, la cabine a survolé une piste de ski très fréquentée, la station de départ d'un autre téléphérique et un restaurant qui accueillait de nombreux clients. Selon notre témoins, le chargement sous la nacelle devait peser plusieurs tonnes. «Si une de ces caisses s'était détachée, il y aurait pu avoir des morts!», s'exclame-t-il.
Personne n'a pour l'heure répondu à ces questions. Du moins à la connaissance de Maxime: l'homme a appris trop tard qu'une réunion d'information avait eu lieu jeudi soir, comme nous l'indiquions dans notre premier article. «Personne ne m'a jamais demandé mes coordonnées», regrette l'occupant de la «cabine folle».
Le CEO répond en personne
Selon Maxime, une fois la cabine revenue à bon port, les employés ont voulu enlever le chargement et... faire repartir le convoi vers le sommet. «Ceux qui veulent toujours rejoindre Crap Sogn Gion peuvent attendre tout près de la cabine», aurait déclaré le personnel. Ce qui a beaucoup énervé notre témoin. «Pourquoi repartir tout de suite après un tel incident? C'est grave, cela mérite une enquête!»
Blick a posé ces questions à la direction des remontées mécaniques. CEO du groupe Weisse Arena, qui exploite les installations de Laax, Markus Wolf a tenu à y répondre personnellement. «Malheureusement, nous n'avons effectivement pas pu retrouver tous les passagers, certains étant partis rapidement. Nous avons pu en contacter certains grâce à leur billet, mais pas tous.»
Aucun dommage détecté
Concernant le fait que le conducteur ne se soit pas arrêté directement après avoir heurté les branches, il n'est pas encore possible de se prononcer. «Cela fait partie des éléments que l'enquête devra éclaircir.» En revanche, Markus Wolf assure que le trajet de retour s'est déroulé de manière tout à fait sécurisée. Un collaborateur s'en est assuré, selon lui.
De même, rien ne s'opposait à la reprise d'activité pour la nacelle concernée. Un contrôle a été effectué pour détecter d'éventuels dommages. Rien n'a été repéré et les courses suivantes se sont de toute manière effectuées sans le chargement sous la cabine et sans passagers.
*Prénom d'emprunt