C’est un peu le Jobup alémanique des petits boulots dans les alpages suisses. Le site zalp.ch recense des petites annonces publiées par les coopératives d’alpage pour trouver de la main-d’œuvre. La page web est particulièrement fréquentée en janvier, puisque c’est traditionnellement à ce moment-là que sont signés les contrats de travail pour la saison estivale à venir.
En ce début 2023, le site a connu des records de fréquentation inédits: le 22 janvier, zalp.ch a été consulté pas moins de cinq millions de fois, principalement depuis des appareils électroniques connectés depuis des pays arabophones. Le portail n’a pas supporté cette affluence et a crashé. Il était hors service pendant deux jours, rapporte la «Südostschweiz».
Là où «l’argent coule à flots»
Comment expliquer un tel engouement pour le site spécialisé? Giorgio Hösli, gérant de zalp.ch, sait d’où viennent tous ces internautes. La faute revient une nouvelle fois aux réseaux sociaux, et plus précisément à Instagram.
«De petits films circulent actuellement en ligne dans lesquels on raconte que l’on peut gagner de l’argent en Suisse en travaillant quatre heures par jour sur un alpage pour 30 francs de l’heure, explique Giorgio Hösli. On y mentionne notamment 'zalp.ch' comme adresse pour les personnes à la recherche d’un emploi.» Certaines petites annonces ont même été traduites en arabe – sans qu’aucune autorisation n’ait été demandée auprès de l’exploitant du site suisse.
Agizy Traveller est l’un des auteurs de ces vidéos. Il écrit en arabe: «J’ai trouvé la solution où l’argent coule à flots 😅💸 Une petite maison gratuite en Suisse 🇨🇭 En échange de vaches qui paissent 🐮 Acceptez-vous le défi? Postulez sur ces pages pour des emplois agricoles.»
Jusqu’à 70 demandes par jour
Depuis la diffusion de ces clips vidéo, Giorgio Hösli reçoit chaque jour des centaines de candidatures par mail. Au début, il a d’abord pris le temps d’expliquer aux intéressés que leur candidature n’avait aucune chance d’aboutir. Il est «totalement illusoire» que des demandeurs d’emploi de pays hors Union européenne obtiennent un permis de travail, explique-t-il. Ensuite, il a commencé à supprimer les e-mails. Il y en avait trop.
Ce n’est pas le premier afflux de demandes. Il y a deux ans, des tas de candidats marocains se sont soudainement manifestés. Un géoblocage a été mis en place. Ainsi, les candidats ne pouvaient plus accéder au site depuis l’étranger. Aujourd’hui, le géoblocage a de nouveau été utilisé.
Giorgio Hösli recommande aux maîtres d’alpage de cacher leurs coordonnées après avoir reçu des plaintes de leur part. «Ils ont raconté qu’ils recevaient jusqu’à 70 emails et messages WhatsApp par jour et que des candidats à l’emploi les appelaient même la nuit pour leur demander un permis de travail», rapporte le gérant du site.
Le site fonctionne certes à nouveau, «mais le système est fragile», estime Giorgio Hösli. Ce dernier espère seulement «que ce service pour l’économie alpestre fonctionne sans encombre».