Les chiffres parlent d'eux-mêmes
Malgré les critiques, les consultants externes ont toujours la cote à Berne

D'anciens cadres de l'administration fédérale assument régulièrement des missions spéciales, parfois au-delà de l'âge de la retraite. Les dépenses totales pour les conseils et services externes se sont élevées à 673 millions de francs en 2024.
Publié: 08:09 heures
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Dernière mise à jour: 08:10 heures
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Durant son mandat, Viola Amherd a continué à employer son ancienne collaboratrice personnelle Brigitte Hauser-Süess.
Photo: Keystone
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Andreas Schmid

D'anciens cadres supérieurs de l'administration fédérale reprennent régulièrement du service en occupant des mandats spéciaux ou en effectuant des missions ponctuelles. Certains poursuivent même leur activité au-delà de la limite d’âge autorisée pour les employés, mais cette fois en tant qu’intervenants externes, souvent rémunérés à prix élevé. 

C’est le cas, par exemple, de Brigitte Hauser-Süess, 70 ans, collaboratrice personnelle de longue date de l’ancienne conseillère fédérale Viola Amherd. La prolongation de son engagement avait suscité des remous l’an dernier.

Ces types de mandats ne représentent toutefois qu’une petite part des dépenses totales de la Confédération pour les services de conseil et les prestations externes. En 2024, celles-ci se sont élevées à 673 millions de francs. Sur ce montant, 170 millions ont été consacrés à la recherche sous contrat et au conseil, tandis que 503 millions ont été dépensés pour des prestations externes telles que des campagnes, des mandats de communication ou des conseils juridiques. C’est ce que révèle le compte d’Etat de l’an passé.

Des critiques récurrentes

Depuis des années, les parlementaires demandent une réduction des dépenses liées aux conseils et services externes. Dans de nombreuses interventions, ils ont dénoncé le fait que l’administration fédérale, qu’ils jugent suffisamment dotée en personnel, continue de déléguer à l’extérieur des mandats coûteux. De leur côté, les départements concernés insistent sur l’évolution constante de leurs missions et sur la pression croissante exercée sur un personnel dont les effectifs ne sont pas augmentés.

Comme le montre la comparaison avec les années précédentes, les dépenses liées au conseil et aux services externes restent relativement stables depuis 2020. Entre 2020 et 2024, ces dépenses ont oscillé entre 646 et 711 millions de francs.

De grandes différences

Les dépenses liées aux spécialistes externes varient considérablement selon les départements de l’administration fédérale. Elles vont de 31 millions de francs pour les frais de conseil et de services du Département des affaires étrangères (DFAE) à 193 millions pour le Département de la défense (DDPS).

Cette différence s’explique, d’une part, par la taille des départements concernés: le DFAE emploie environ 5300 personnes, contre quelque 12'300 pour le DDPS. Mais elle s’explique aussi par la diversité des missions, comme le souligne un porte-parole de l’Office fédéral du personnel. 

Par exemple, le Département de l’environnement (DETEC) regroupe des domaines très variés, tels que les routes, les chemins de fer, l’énergie ou encore la communication – bien plus diversifiés que ceux du DFAE. De même, le Département de l’intérieur (DFI), à travers l’Office fédéral de la santé publique, commande régulièrement des campagnes et des études à des prestataires externes.

Une informatique coûteuse

L’informatique représente un poste de dépense encore plus important que les services de conseil. Selon le budget, les «dépenses de matériel et d’exploitation informatique» ont atteint 883 millions de francs l’an dernier. Sur ce total, 562 millions ont été affectés au développement, aux services et au conseil. 

Cette somme comprend notamment l’élaboration de concepts, le support, la formation aux systèmes et le développement de logiciels. Par ailleurs, le coût des licences logicielles pèse de plus en plus lourd sur les finances de l’administration.

Une demande de plafonnement des coûts

À la suite de la polémique autour du mandat de conseil attribué à Brigitte Hauser-Süess, le conseiller national tessinois de la Lega, Lorenzo Quadri, a déposé une motion demandant que les dépenses annuelles pour les mandats de conseil soient plafonnées à 100 millions de francs, soit environ 40% de moins qu’en 2024. 

Dans sa réponse, le Conseil fédéral a souligné que les mandats temporaires confiés à des prestataires externes s’avèrent souvent plus rentables que des postes fixes. Réduire ce type de dépenses entraînerait, selon lui, une hausse des charges de personnel.

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