Empêcher le blocage
La police mobilisée contre les convois anti-pass vaccinal à Paris

Des milliers d'opposants au pass vaccinal venus en convois de toute la France campaient samedi à l'aube aux portes de Paris, où ils entendent entrer pour manifester malgré l'interdiction par les autorités, déterminées à empêcher tout blocage de la capitale.
Publié: 12.02.2022 à 08:04 heures
Plus de 7000 policiers sont déployés depuis samedi et sur les trois prochains jours à Paris pour empêcher les convois de protestation d'entrer dans la capitale française, comme ici sur les Champs-Elysées.
Photo: YOAN VALAT

Près de 7200 policiers et gendarmes «sont déployés sur les trois prochains jours pour faire respecter les interdictions de convois de véhicules», a indiqué la préfecture de police de Paris.

Le préfet de police de la ville, Didier Lallement, a indiqué avoir créé des «fourrières provisoires qui (...) permettront, avec plusieurs dizaines de véhicules de remorquage, de mettre fin à tout blocage». Des blindés de la gendarmerie ont aussi été déployés dans les rues de la capitale, une première depuis les manifestations des «gilets jaunes» fin 2018.

Le Premier ministre Jean Castex a promis d'être inflexible face au mouvement. «S'ils bloquent la circulation ou s'ils tentent de bloquer la capitale, il faut être très ferme», a-t-il insisté sur la chaîne de télévision France 2 vendredi.

Le retour des gilets jaunes

Rassemblement hétéroclite d'opposants au président Emmanuel Macron et de «gilets jaunes», le mouvement s'est constitué sur le modèle de la mobilisation qui paralyse la capitale canadienne Ottawa.

Les centaines de voitures, camping-cars et camionnettes partis de Lille, Strasbourg, Vimy (nord) ou Châteaubourg (ouest) se sont arrêtés vendredi soir aux portes de Paris, une source policière affirmant qu'aucun convoi n'a pénétré dans la capitale.

Fatigue et énervement étaient palpables dans le cortège parti de Bretagne, qui s'est arrêté sur le parking d'un centre commercial de la périphérie de Chartres, à environ 80 km au sud-ouest de Paris, encadré par des gendarmes, selon une journaliste de l'AFP.

«Nous sommes tous collectivement fatigués par ce que nous vivons depuis deux ans. Cette fatigue s'exprime de plusieurs manières: par du désarroi chez les uns, de la dépression chez d'autres. On voit une souffrance mentale très forte, chez nos jeunes et moins jeunes. Et parfois, cette fatigue se traduit aussi par de la colère. Je l'entends et la respecte», a souligné le président Emmanuel Macron dans un entretien au quotidien Ouest-France.

«Mais», a-t-il ajouté, «j'en appelle au plus grand calme».

La police a estimé vendredi après-midi à 3300 le nombre de véhicules engagés dans les différents convois. C'est une action «d'une ampleur phénoménale», a dit à l'AFP un coordinateur du mouvement.

L'arrêté d'interdiction de rassemblement des convois a été maintenu vendredi par la justice, qui a rejeté deux recours.

«C'est une trahison. Les fondements de l'arrêté ne sont pas respectueux de la loi, de la liberté de manifester», a réagi à l'AFP la militante anti-vaccin et «gilet jaune» Sophie Tissier.

«Le droit de manifester et d'avoir une opinion sont un droit constitutionnellement garanti dans notre République et dans notre démocratie. Le droit de bloquer les autres ou d'empêcher d'aller et venir ne l'est pas», a répondu Jean Castex.

A deux mois de l'élection présidentielle en France, les manifestants exigent le retrait du pass vaccinal, qui réserve aux personnes immunisées contre le Covid-19 le droit d'accéder aux restaurants, aux cinémas et autres, et que le gouvernement dit vouloir supprimer d'ici avril. Ils défendent également des revendications sur le pouvoir d'achat ou le coût de l'énergie.

Réfutant de leur côté toute volonté de bloquer la capitale, les participants espèrent grossir samedi les rangs des cortèges contre le pass vaccinal organisés chaque semaine.

Certains manifestants entendent atteindre ensuite Bruxelles pour une «convergence européenne» prévue lundi 14 février. Les autorités belges ont interdit l'accès de la capitale.

Vendredi, d'autres répandaient aussi des appels à occuper des ronds-points. «Je lance un appel à rejoindre toutes les grandes villes pour les occuper, multipliez les points de rassemblements», a lancé dans une vidéo l'un des initiateurs du mouvement, Rémi Monde.

(ATS)

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