Elle veut récupérer leur bonus!
L'UBS réclame beaucoup d'argent à d'anciens cadres de Credit Suisse

La grande banque réclame des bonus de plusieurs millions à une partie de ses anciens employés. Les premières décisions de justice ont été rendues.
Publié: 26.05.2024 à 16:22 heures
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L'UBS demande le remboursement de bonus versés à d'anciens cadres de Credit Suisse.
Photo: Keystone
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Beat Schmid

Reto Inauen* a reçu une sacrée gifle lorsqu'il a ouvert une lettre de l'UBS. Dans cette lettre, l'ancien top manager de Credit Suisse est prié de verser plus de 100'000 francs à la grande banque. Dans un délai de 30 jours, il doit rembourser une partie du bonus qu'il avait reçu en 2022. Pour faciliter la tâche à Reto Inauen, la grande banque a joint à la lettre un bulletin de versement pré-imprimé avec un code QR.

Pour mieux comprendre cette demande, retour en 2022. A ce moment-là, la situation de Credit Suisse s'est aggravée. La banque a réduit les rémunérations variables. De nombreux cadres ont quitté l'entreprise. Afin de fidéliser les plus performants, Thomas Gottstein, le patron de Credit Suisse de l'époque, a mis au point un programme de bonus spécial. Voici son idée intitulée «Upfront Cash Awards»: malgré la crise, certains bons élèves de la banque recevaient immédiatement un généreux bonus en espèces s'ils s'engageaient à long terme.

Reto Inauen faisait partie du cercle des bénéficiaires du Cash Award. Il a joué un rôle important dans la gestion des actifs de Credit Suisse. Ce département produit et distribue des produits financiers pour les petits investisseurs, mais aussi pour de gros clients institutionnels comme les caisses de pension, les fondations de placement ou les assurances.

La distribution des fonds était liée à la condition contractuelle de rester à Credit Suisse jusqu'en 2025. Ceux qui démissionnaient avant devaient rembourser une partie: deux tiers du bonus après un an, encore un tiers après deux ans. Au total, la banque a distribué 1,2 milliard de francs d'Upfront Cash Awards. De nombreux banquiers d'investissement aux Etats-Unis et en Angleterre en ont profité, mais aussi des banquiers privés ou des gestionnaires de fortune en Suisse.

L'affaire est allée jusqu'aux tribunaux

Mais Reto Inauen n'a pas voulu rembourser l'argent. Il ne pouvait pas s'imaginer que l'UBS était vraiment sérieuse. Après tout, la situation a fondamentalement changé après le rachat. De plus, l'UBS a pu reprendre Credit Suisse pour «une bouchée de pain». Mais la grande banque est restée ferme. Elle a porté l'affaire devant les tribunaux, qui ont récemment tranché en faveur de l'UBS.

D'autres anciens cadres de Credit Suisse ont connu le même sort que Reto Inauen. Selon certaines sources, il n'existe jusqu'à présent que peu de décisions de justice en Suisse. La plupart des jugements ne sont pas encore entrés en vigueur. Le Tribunal fédéral ne s'est pas encore penché sur ces cas. Le fait que les cadres de Credit Suisse doivent rembourser les bonus de leur propre poche semble plutôt être une exception. Dans la plupart des cas, c'est le nouvel employeur qui prend en charge la créance.

Fin 2023, on a appris que la banque réclamait au total 651 millions à d'anciens collaborateurs de Credit Suisse. Entre-temps, ce chiffre a dû être revu à la baisse. Contactée, l'UBS n'a pas souhaité s'exprimer sur les détails.

En Suisse, la voie juridique est plus simple pour l'UBS qu'à l'étranger. Faire valoir des demandes de remboursement à Hong Kong, Singapour ou aux Etats-Unis serait plus difficile et plus coûteux. Demander des comptes à des banquiers qui étaient par exemple employés par Credit Suisse à Singapour et qui ont émigré à Dubaï après leur licenciement est quasiment peine perdue.

*Le nom a été modifié

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