Le 6 mars 2021, le restaurant Älpli, dans le canton de Saint-Gall, proposait de la nourriture, des boissons et de la musique dans une ambiance festive, malgré l'interdiction des manifestations publiques en cours à cause de la pandémie. Ce soir-là, on renonçait au contrôle du certificat Covid, de même qu'on ne respectait pas l'obligation de porter le masque.
Les organisateurs déguisaient alors la fête en manifestation religieuse, car celles-ci étaient toujours autorisées. Pour des raisons de proportionnalité, la Police décide de laisser faire. Il y avait beaucoup d'enfants et de personnes âgées.
Trois jours plus tard, elle effectue tout de même une perquisition et dénonce les organisateurs au Ministère public. Le «St. Galler Tagblatt» rapporte désormais que la tenancière de l'époque a reçu une ordonnance pénale.
«Boire un verre tous ensemble encore une fois»
Selon cette dernière, elle est condamnée à une peine pécuniaire de dix jours-amende avec sursis de 80 francs chacun et à une amende de 1000 francs. Elle doit en outre remettre à la caisse de l'État une somme d'argent liquide de 2838,50 francs et payer les frais de procédure de 1160,65 francs.
Toujours selon l'ordonnance pénale, le Ministère public du canton de Saint-Gall n'a pas cru les organisateurs lorsqu'ils ont affirmé qu'il s'agissait d'une manifestation religieuse. Il dispose en effet d'un échange d'e-mails entre la tenancière et le gérant, dans lequel ce dernier décrit le but de la manifestation comme suit : «Boire un verre tous ensemble encore une fois».
Le Ministère public considère que cinq infractions ont été commises au total: le non-respect d'un ordre de la police, l'organisation d'une manifestation interdite au sens de l'ordonnance sur la pandémie, la non-restriction de l'accès à l'intérieur d'un restaurant aux seules personnes munies d'un certificat Covid, le non-respect de l'obligation de porter un masque et enfin l'entrave à un acte officiel.
L'ex-responsable continue de servir ses clients
La sanction n'est pas encore définitive. La tenancière peut faire opposition par écrit dans les dix jours. De nombreux clients avaient déjà reçu l'année dernière une ordonnance pénale pour participation à une manifestation illégale. Fin mars, la commune de Gommiswald (SG) a retiré à la tenancière sa patente de restauratrice en raison de plusieurs infractions aux mesures contre le Covid. Cette décision a mis en colère les coronasceptiques. En avril, ils sont descendus dans la rue pour protester contre le retrait de la patente.
Avec des cloches de vache et des pancartes, les manifestants ont traversé la commune. Leur objectif: atteindre la maison de Peter Hüppi, le président socialiste de Gommiswald. Une fois sur place, ils ont voulu l'interpeller au sujet du retrait de la patente de l'établissement. Mais Peter Hüppi n'était pas du tout chez lui. Dans l'intervalle, la situation s'est calmée.L'ex-responsable continue de travailler à l'Älpli, même sans brevet. Elle est toujours partenaire commerciale de l'établissement et continue de servir ses clients, selon les informations du «St. Galler Tagblatt».
(Adaptation par Thibault Gilgen)