Effondrements de glaciers, chutes de pierres, avalanches
Les fortes chaleurs ont-elles rendu les randonnées plus dangereuses?

Détachements de glaciers, chutes de pierres, avalanches: les accidents de montagne ont explosé ces dernières semaines en raison des fortes chaleurs. Un guide de montagne explique pourquoi.
Publié: 13.09.2023 à 19:56 heures
|
Dernière mise à jour: 13.09.2023 à 21:38 heures
1/4
Fin juillet, un bloc de roches s'est détaché sur les Aiguilles du Tour, tuant un homme de 36 ans. Fin août, une cordée de trois personnes a été prise dans un glissement de glacier lors de la descente de l'Allalin en Valais.
Photo: mauritius images / Michael Immendörfer
chantal_hebeisen_0.jpg
Chantal Hebeisen

Cet été, des chutes de glaciers et de pierres ont provoqué à plusieurs reprises des accidents mortels. 

Fin juillet, un bloc de roches s'est détaché sur les Aiguilles du Tour, tuant un homme de 36 ans. Une jeune femme de 22 ans a aussi été blessée.

Fin août, une cordée de trois personnes a été prise dans un glissement de glacier lors de la descente de l'Allalin en Valais. Un alpiniste de 61 ans a également été tué et deux autres, légèrement blessés.

Le même week-end, un alpiniste a eu de la chance: touché par une chute de pierres au Cervin, il s'est «simplement» blessé au genou et a pu être secouru.

Toujours fin août, un détachement de blocs de glace suivi d'une avalanche s'est produit au pied de l'Eiger à Grindelwald (BE). Deux personnes sont portées disparues depuis lors.

Des incidents difficiles à prévoir

Les chaleurs d'été rendent-elles les randonnées en montagne dangereuses? La police cantonale valaisanne avait averti que la chaleur pourrait augmenter les chutes de pierres.

«La multiplication des accidents est certainement liée au fait que la chaleur attire davantage de personnes vers les hauteurs», explique Christian Andermatt, responsable de la formation hivernale au Club alpin suisse (CAS) et lui-même guide de montagne.

Toutefois, si les températures élevées influencent la probabilité de chutes de pierres, elles impactent moins les ruptures de glaciers: «Les ruptures de glace peuvent toujours se produire et ne peuvent pas être prévues. La chaleur n'a probablement aucune influence sur cela.»

Les ruptures de glaciers sont en effet des processus complexes et ne se produisent pas uniquement en cas de températures élevées, précise Matthias Huss, glaciologue à l'EPF de Zurich.

Bien choisir son itinéraire avant une randonnée

Faut-il donc mettre les accidents dus aux chutes de glaciers ou de pierres sur le dos des alpinistes inexpérimentés ou imprudents? Pas forcément, selon Christian Andermatt du CAS: «Avec le temps, on apprend à évaluer les risques en montagne et on peut les minimiser en planifiant soigneusement son parcours. Mais en général, on ne voit pas venir une chute de pierres ou un éboulement de glace.»

Dans le cas d'un glacier, la seule chose à faire est de l'observer sur une longue période pour déterminer s'il est actif. Si des petits morceaux se détachent régulièrement, «cela peut indiquer un possible détachement à venir», explique Christian Andermatt.

Christian Andermatt conseille donc de planifier soigneusement ses randonnées: «Cela implique d'évaluer ses propres capacités en montagne. Mais aussi de prévoir des alternatives possibles et de vérifier jusqu'à quand certains passages peuvent être empruntés si on constate une hausse des températures.»

En outre, si l'on voit des rochers ou des blocs de glace frais sur le chemin, il vaut mieux faire demi-tour en cas de doute, explique Christian Andermatt: «Car en cas de chute de glace ou de pierres, même un casque ultrarésistant ne sert plus à rien.»

Selon lui, la question n'est pas de savoir combien de blocs se trouvent sur le chemin, mais si une pente est connue pour être en mouvement. Et en cas de mauvais pressentiment, il convient de faire demi-tour ou de choisir un autre itinéraire, planifié au préalable.

Découvrez nos contenus sponsorisés
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la