«Absolument raciste»
Un blackface dans un carnaval suisse fait polémique

Le week-end dernier, à Mosnang, à Saint-Gall, un groupe déguisé en vendeurs de plage a remporté le concours de costumes du carnaval. Sauf que les gagnants ont fait des vagues, car ils s'étaient grimé le visage en noir.
Publié: 05.03.2025 à 16:07 heures
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Dernière mise à jour: 05.03.2025 à 17:05 heures
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Ce groupe d'hommes a remporté samedi le concours de costumes sur le thème «nuits caribéennes».
Photo: Lectrice
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Marian Nadler

Maria B.* n'en revient pas. «Je veux dire, nous sommes un village très conservateur, mais c'est catastrophique et malaisant», nous raconte-t-elle, effarée. Mais qu'est-ce qui a pu la mettre dans un tel état? Un concours de costumes organisé lors du carnaval de Mosnang, une petite commune située dans le canton de Saint-Gall. Et plus spécifiquement son concours de costumes, qui avait pour thématique «les nuits caribéennes».

Samedi dernier, plusieurs groupes étaient en lice pour le prix du meilleur costume. Le jury a finalement consacré un groupe de jeunes hommes déguisés en vendeurs de plage. Lunettes de soleil sur le nez, valises en main et… les visages grimés en noir.

Maria B. est sous le choc. Elle estime que ce spectacle est un «gâchis raciste absolu». Son cercle d'amis, ainsi que sa famille, partagent son indignation. Ils dénoncent un «blackface» – une pratique où des personnes blanches caricaturent (et se font passer pour) des personnes noires, souvent avec du maquillage, des perruques ou d'autres accessoires stéréotypés. Le blackface fait régulièrement l'objet de débats houleux en Suisse, étant considéré comme une pratique raciste qui remonte à l'époque coloniale. 

«Les deuxièmes étaient des pirates, et ils étaient adorables», raconte Maria B. Elle ne comprend pas pourquoi un tel costume, qu'elle considère comme raciste et discriminatoire, a pu l'emporter. Sauf que cela ne semble pas avoir été une exception à Mosnang: elle raconte avoir aperçu d'autres costumes problématiques durant le carnaval, comme des jeunes habillés avec des vêtements arabes auxquels ils avaient fixé une fausse ceinture d'explosifs.

Pas de mauvaise intention selon les organisateurs

Blick a posé quelques questions au président du carnaval, Ruben Schuler. L'élu du Parti libéral-radical (PLR), précise dès le départ qu'il n'y avait aucune mauvaise intention derrière cette décision. Et d'affirmer que «le racisme n'a pas sa place chez nous!» Il explique que le jury avait choisi les gagnants en fonction de l'effort personnel et sur l'enthousiasme suscité auprès du public. «La décision n'a certainement pas été prise avec des intensions racistes», souligne à nouveau Ruben Schuler.

Il explique aussi que le public n'a pas mal réagi en voyant le groupe de vendeurs de plage. «Personne ne s'est énervé», affirme-t-il. Il n'a pas non plus entendu des critiques ou des réflexions à ce sujet au sein du jury. Il précise que le comité du carnaval ne donne pas de directives concernant les costumes. Le seul critère est qu'il doit être «divertissant».

Des incidents en hausse

Blick a également interrogé la Commission fédérale contre le racisme (CFR) sur cette affaire. Celle-ci ne veut pas prendre position sur ce cas particulier. «La CFR s'est déjà exprimée à plusieurs reprises sur le thème des blackfaces», fait savoir sa présidente, Ursula Schneider Schüttel. «Nous ne disposons pas de chiffres précis sur la fréquence des incidents concernant les blackfaces en Suisse.»

Toutefois, le rapport annuel du Réseau de consultations pour victimes de racisme, dont le dernier relevé concerne l'année 2023, révèle que les cas de discrimination signalés par les centres de conseil pour les victimes de racisme ont atteint un nouveau record.

* Nom connu de la rédaction

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