Marcel Palfner est inquiet. L'entreprise de cet entrepreneur de 53 ans est située à Rüthi (SG), à 400 mètres à peine de la frontière autrichienne. Son business: vendre des produits pour les dentistes.
Il y a tout juste un mois, Marcel Palfner débarque au travail comme d'habitude. Sauf que ce lundi matin s'est transformé en un jour hors du commun. «Une fenêtre était démontée et l'entreprise était sens dessus dessous», explique le cinquantenaire. Des cambrioleurs ont causé des dommages de près de 20'000 francs. «J'ai eu la haine. On entend régulièrement parler de cambriolages, mais on ne pense pas que l'on pourrait être touché soi-même», fustige ce patron de PME.
Des voleurs pépères
Après ce cambriolage en janvier, Marcel Palfner prend les devants: il installe une caméra de surveillance près de son entrepôt. Et quelques semaines plus tard, celle-ci n'a pas manqué sa cible. «Peu avant minuit, une alarme s'est déclenchée.» Les enregistrements vidéo montrent quatre hommes, cagoulés et équipés de lampes de poche, rôder autour de la boîte de Marcel Palfner.
Ironie du sort, ils ne semblent pas inquiets à la vue de la caméra. Ils éclairent même directement son objectif. «Ce sont des bandes organisées venues de l'étranger. Ils se promènent ici sans aucun stress, entièrement cagoulés, prêts à tout», déplore Marcel Palfner. Heureusement, rien ne s'est passé. Mais cela risque de changer, selon l'entrepreneur. «Ils regardaient à l'intérieur de la salle, pour voir s'il y avait quelque chose d'intéressant à voler. Je suppose que nous aurons une nouvelle visite dans les semaines à venir. Mais elle sera moins sympathique.»
Une zone sensible
Selon Marcel Palfner, la zone industrielle de Rüthi est une mine d'or pour les cambrioleurs. Les deux postes frontières de Rüthi et d'Oberriet sont tranquilles – Marcel Palfner les qualifie même de «morts». Les cambrioleurs sont «rapidement dans le pays, rapidement dans la zone industrielle et rapidement loin».
Le chemin le plus rapide pour atteindre cette zone industrielle depuis la frontière est d'emprunter un pont. En dessous, il n'y a que des petits chemins de campagne et agricoles, qui serpentent à travers la nature. Très peu de chances d'être aperçu en pleine obscurité, estime Marcel Palfner. L'ambiance ici est tendue, car «celui qui vit en Suisse, à la frontière, est complètement à la merci des cambrioleurs». Il milite pour une plus grande présence policière dans la région.
Une vague de cambriolages
D'après les communiqués de presse de la police cantonale de Saint-Gall, la police a signalé entre début septembre 2024 et février 2025 plus de 100 cambriolages dans la région frontalière de Saint-Gall, qui s'étend de Rorschach à Bad Ragaz (des communes situées à moins de dix kilomètres de la frontière). Ces données englobent les vols par effraction dans les voitures, les bateaux, les habitations et les bâtiments industriels, ainsi que les tentatives de vols.
Et cela va même plus loin. Dans la région frontalière qui s'étend du Lac de Constance à Werdenberg-Sarganserland, pas moins de 347 cambriolages et vols ont été commis dans le même laps de temps. «Si l'on compare cette période à la même période de l'année précédente, on constate une augmentation d'environ 31%», explique le responsable de la communication de la police cantonale, Hanspeter Krüsi. Celui-ci ne souhaite pas commenter l'évolution des cambriolages, car cela nécessiterait une analyse plus approfondie des années précédentes.
«Une grande partie des cambriolages est commise par des bandes organisées transfrontalières», explique Hanspeter Krüsi. Mais pas seulement. Durant la période hivernale, la police cantonale de Saint-Gall fait régulièrement des contrôles autour des immeubles afin de dissuader les cambrioleurs, ajoute-t-il. Les policiers circulent parfois dans des véhicules civils, ce qui explique pourquoi la population ne les remarque pas. «Mais il n'est pas possible d'être sur tous les fronts.» Il précise que la présence policière dépend des affaires courantes et du nombre d'interventions obligatoires. «Plus la situation est calme, plus les ressources disponibles pour le contrôle sont importantes.» Pour ceux qui s'inquiètent, la police cantonale propose des conseils gratuits en matière de sécurité.