L'affaire est digne d'un film: l'été dernier, des agents de la police cantonale bernoise ont fait irruption, en civil, dans l'auberge du Rössli à Meiringen (BE) et ont interpelé les tenanciers chinois de l'établissement. Motif? Ces derniers étaient soupçonnés... d'espionnage. Depuis, l'hôtel est vide. Mais l'armée suisse souhaite désormais l'acheter l'auberge, pour un prix de 1,8 million de francs. C'est ce qu'annonce le «Wall Street Journal».
Les trois ressortissants chinois concernés auraient exploité pendant cinq ans l'auberge, qui se trouve à proximité immédiate de l'aérodrome militaire de Meiringen. C'est alors que le trio serait tombé dans le collimateur du Service de renseignement de la Confédération (SRC). Et pour cause. Les trois Chinois n'auraient repris le restaurant pour pouvoir espionner l'aérodrome à long terme. Or, cet aérodrome servira à l'avenir de base opérationnelle pour les F-35 de l'armée de l'air helvétique – et cet avion de combat américain est considéré depuis des années comme l'une des principales cibles de l'espionnage chinois.
Des avertissements pris à la légère pendant longtemps
Seulement voilà: le contre-espionnage suisse n'y aurait pas prêté attention de lui-même. C'est ce que rapporte le «Tages-Anzeiger» en se référant au «Wall Street Journal». Ainsi, la descente de police dans l'Oberland bernois n'aurait eu lieu que grâce à des avertissements lancés par les services secrets américains et britanniques. Des mises en garde que la Suisse n'aurait longtemps pas pris au sérieux.
Si l'armée suisse devait effectivement reprendre l'hôtel Rössli, la sécurité de l'aérodrome militaire de Meiringen serait davantage garantie qu'auparavant. Mais l'achat n'est pas encore dans la poche. Et le département de la Défense ne souhaite que l'on sache si cet achat l'intéresse, écrit le «Tages-Anzeiger», pour qui une chose est toutefois sûre: «Armasuisse a connaissance du fait que l'hôtel Rössli est à vendre.»