La démission du patron de la BNS Thomas Jordan a surpris le monde politique. Mais pour le chef du groupe parlementaire du centre, Philipp Matthias Bregy, c'est surtout le moment de cette démission qui interpelle: «Contrairement à Thomas Jordan, je ne pense pas que les crises sont déjà derrière nous», dit-il. Selon lui, l'environnement politique des marchés financiers est toujours instable et la crise de Credit Suisse n'a pas encore été résolue: «J'aurais souhaité que Thomas Jordan attende encore un peu avant de partir.»
Le président des Verts'libéraux, Jürg Grossen, a une appréciation légèrement différente de cette démission. Selon lui, «il n'y a pas de moment idéal». Et douze ans de mandat, c'est long. Raison pour laquelle il ne trouve pas cette démission surprenante, mais regrettable.
Des éloges pour un homme sérieux et calme
Le banquier UDC zurichois, Thomas Matter, estime que Thomas Jordan aurait très bien pu faire encore quelques années. Il regrette également sa démission: «Thomas Jordan a fait du bon travail et a rempli son mandat de manière conséquente, à savoir veiller à la stabilité des prix. C'est en grande partie grâce à son travail que nous avons l'une des monnaies les plus stables du monde.»
Jürg Grossen souligne également: «Garder une vue d'ensemble et garantir la stabilité des prix, même en période de turbulences, est au cœur de sa mission.» Pour sa succession, il souhaite un candidat aussi sérieux et calme que Thomas Jordan.
Thomas Matter penche pour le vice-président de la BNS, Martin Schlegel. L'usage voulant généralement que les sous-directeurs succèdent au directeur.
L'historien Tobias Straumann a une hypothèse
L'historien économiste Tobias Straumann a également été surpris par cette démission : «Thomas Jordan n'est pas un homme qui démissionne comme ça». Selon lui, le désormais ex-patron de la BNS a fait preuve d'une grande performance à la tête de l'institution: «Mais c'est aussi le bon moment pour démissionner: celui qui dirige de manière aussi dominante ne doit pas rester trop longtemps», dit Tobias Straumann, qui pense lui aussi que le vice-président de la BNS Martin Schlegel est un successeur tout désigné: «Il est le seul membre de la direction générale à connaître la BNS de l'intérieur.»
Fabio Canetg, expert en politique monétaire, n'est pas non plus surpris par cette démission: «Il partira avant que le rapport de la commission d'enquête parlementaire sur la fin du Crédit Suisse ne sorte.» Celui-ci est attendu pour la fin de l'année. Thomas Jordan sera alors déjà parti. En clair: «Avant que des éléments à charge concernant son rôle dans la débâcle de Credit Suisse ne sortent», explique Fabio Canetg. Il pourrait ainsi éviter de donner l'impression de démissionner après la publication du rapport. Mais aussi libérer la voie pour son élève Martin Schlegel.