Avec ses fermetures de 170 guichets, La Poste réussit l’exploit de réunir tous les députés vaudois contre elle. L’interpellation déposée le 6 juin au Conseil national par la socialiste Jessica Jaccoud (PS), a récolté les signatures de tous les bords politiques. Ainsi, des Vert-e-s de Raphaël Mahaim à l’Union démocratique du Centre (UDC) de Michaël Buffat, tous ont voulu poser les mêmes questions au Conseil fédéral sur la disparition à venir d'un tiers des bureaux de Suisse.
«Nous questionnons l’implication de la Confédération dans le pilotage de ces entités publiques, assure Jessica Jaccoud à Blick, ce mercredi 13 juin. L’enjeu, c’est de déterminer le rôle de ces entreprises pour l’avenir: générer des profits maximaux ou assurer un service public accessible à tous.» Le géant jaune reste une régie fédérale, dont la Confédération est «l’actionnaire unique». En vrac, les élus vaudois veulent savoir si les communes pourront «s’opposer à la fermeture de leur office», si le Conseil fédéral peut «communiquer rapidement la liste des 170 offices concernés» ou encore si la Confédération serait prête «à renoncer au dividende versé» par La Poste «afin de maintenir le réseau postal».
Une problématique vaudoise?
Le texte déposé évoque les conséquences pour le canton de Vaud: «Il existe actuellement 78 offices de poste dans le canton de Vaud, qui en a déjà perdu 37 depuis 2018. Ainsi, au prorata, le canton de Vaud pourrait perdre une quinzaine d’offices supplémentaires.» Le constat qui titille la députation vaudoise, c’est que La Poste «se porte financièrement bien». Son bénéfice de 254 millions de francs en 2023 interpelle, de même que ses bons résultats de début 2024 et les 50 millions de francs de dividende versés à la Confédération.
Jessica Jaccoud explique à Blick les raisons de cette mobilisation générale: «Dans le canton de Vaud, les élus sont assez bien dispatchés sur tout le territoire. Nous sommes nombreux à avoir le souci du maintien d’un service public de qualité dans les périphéries.» De gauche à droite, s’assurer que «personne ne sera laissé pour compte» serait le «but commun» des élus, assure la conseillère nationale socialiste. Le démantèlement est en partie l'œuvre d'un autre socialiste, en la personne de Christian Levrat, à la tête du conseil d'administration de La Poste.
Éviter le sentiment de déconsidération
Le risque de fracture inquiète la dépositaire de l’interpellation. «L’objectif prioritaire, c’est le maintien d’un service public de proximité dans les régions ou les quartiers populaires peu desservis. Il s’agit d’éviter le sentiment de déconsidération par rapport à l’État», insiste Jessica Jaccoud.
Dans la foulée, ce jeudi 13 juin, le Parti socialiste suisse devrait annoncer ses propositions pour s'assurer que La Poste reste le service public qu'elle est. «Certaines des solutions proposées par le PS ne feront pas l’unanimité, c’est le jeu de la politique, concède la politicienne PS. Au moins, avec cette interpellation, on voit que les questions posées au gouvernement sont partagées.»
Enfin, soyons réglo... Il y a bien une députée vaudoise qui n’a pas signé l’interpellation. Mais il s’agit de la Verte Léonore Porchet qui, malade, était absente de cette première semaine de session. Contactée, elle assure soutenir la démarche de sa concitoyenne de gauche au Parlement.