A Genève, un patient de 41 ans souffrant d'une atteinte pulmonaire chronique qui résistait aux antibiotiques a pu être sauvé grâce à des bactériophages, ont annoncé les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) et l'Université de Genève (UNIGE) mardi. Ces résultats font l'objet d'une publication dans la revue Nature Communications.
Considéré comme perdu
Le patient était considéré comme perdu. Il était totalement dépendant d'une antibiothérapie intraveineuse en continu et sans perspective d'amélioration, relèvent les deux institutions dans un communiqué. Il a finalement reçu un traitement expérimental de dernier recours passant par des bactériophages.
Ces mangeurs de bactéries sont des virus naturels capables de cibler des microbes spécifiques sans infecter les cellules humaines. Utilisés en combinaison avec des antibiotiques, ils contournent la résistance aux antibiotiques. Mais les traitements en sont encore à leurs balbutiements.
Pour soigner le patient, les médecins ont dû sélectionner le bactériophage approprié pour la souche bactérienne qui l'affectait. Ce travail n'a pas été une sinécure. Après une recherche intensive en Suisse, puis en Europe, la perle rare a été trouvée à l'Université de Yale, aux Etats-Unis.
Amélioration «spectaculaire»
Les bactériophages ont été administrés par aérosols au patient. En parallèle, celui-ci continuait de recevoir des antibiotiques par intraveineuse. Selon l'UNIGE et les HUG, «l'amélioration du patient a été spectaculaire et ceci sans effets secondaires». Le quadragénaire a pu quitter l'hôpital et reprendre son travail.
Les HUG et l'UNIGE rappellent que l'antibiorésistance est une urgence sanitaire mondiale. Cette antibiorésistance a été la cause de 1,7 million de décès dans le monde, en 2019, d'après l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Les bactériophages font partie des stratégies prometteuses pour combattre ce fléau.
L'antibiorésistance découle des propriétés des bactéries. Dans la nature, celles-ci sont confrontées à des ennemis, d'autres bactéries, des champignons ou des bactériophages. Elles doivent s'adapter, en mutant, pour leur tenir tête. Au bout du processus, les mieux équipées sont capables d'échapper aux antibiotiques.