Credit Suisse doit suspendre le versement de certains bonus à ses collaborateurs, l'a informé le Département fédéral des finances (DFF). Le Conseil fédéral a pris cette décision mardi pour les rémunérations déjà approuvées pour les exercices antérieurs à 2022 et qui ont été différées.
Cette décision concerne les rémunérations déjà approuvées pour les exercices antérieurs à 2022, mais dont le versement est différé et exécuté par exemple sous forme de droits à des actions. La loi sur les banques prévoit que le Conseil fédéral puisse agir en matière de rémunération s'il accorde à une banque d'importance systémique une aide financière directe ou indirecte puisée dans les moyens de la Confédération.
Contre la cupidité de CS
Avant la prise de cette décision, les partis politiques avaient tous réclamé l'interdiction des bonus pour les banquiers de Credit Suisse et se sont insurgés face à la cupidité des managers de l'entreprise. Le «Tages-Anzeiger» avait ainsi calculé que Credit Suisse a certes enregistré des pertes cumulées de 3,2 milliards de francs depuis 2013, mais que les top managers avaient empoché 32 milliards (et non millions!) de francs de bonus sur la même période.
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Même les libéraux-radicaux, pourtant favorables aux profits des banques, se sont montrés choqués. Lors d'une conférence de presse convoquée à la hâte lundi, le chef du PLR Thierry Burkart a exigé «qu'aucun bonus ne soit versé». Le conseiller national PLR Beat Walti a renchéri: «La cupidité de certains banquiers a été plus grande que leur responsabilité.»
L'UDC parle d'affront
«S'ils avaient un peu de décence, ils rembourseraient leurs bonus, a également estimé le conseiller national UDC Alfred Heer sur Blick TV. On ne peut vraiment pas donner de bonus aux gens de CS maintenant. Ce serait un affront.» Les jeunes UDC avaient entre-temps lancé un appel au Conseil fédéral: «Veillez à ce qu'aucun bonus de plusieurs milliards ne soit versé à la direction et aux cadres à partir des comptes annuels du Credit Suisse.»
Le chef du groupe parlementaire du Centre, Philipp Matthias Bregy, a tweeté mardi: «Je suis en principe contre les interdictions, mais il n'est probablement pas possible de faire autrement.» Selon lui, Credit Suisse ne peut tout de même pas être ignorant au point de verser des bonus dans la situation actuelle. «Vous venez d'être sauvés. Avez-vous déjà oublié?»
Le chef des Vert'libéraux Jürg Grossen s'est lui aussi montré très clair auprès Blick: «Il faut une interdiction des bonus ou un remboursement des bonus si l'on touche à l'argent de la Confédération.»
Le PS veut aussi un plafond salarial
Les réactions actuelles au cas de CS sont partie intégrante du combat de la gauche contre les bonus financiers. En effet, le PS et les Vert-e-s n'ont cessé d'attaquer la culture des bonus des grandes banques, et continuent de le faire aujourd'hui.
Le PS exige ainsi «des conditions cadres efficaces dans le secteur bancaire», comme il l'écrit dans un communiqué. «Cela implique impérativement une interdiction des bonus, ainsi qu'un plafonnement des salaires dans les banques d'importance systémique, pour lesquelles l'État doit intervenir en cas d'urgence.»
(avec ATS)