Apparition d'une scène du crack à Genève, affaire Pierre Palmade, saisie de 500 kilos de cocaïne dans l'usine fribourgeoise de Nespresso, ouverture d'un drug-checking vaudois, lancement d'un projet de vente régulé de cannabis à Lausanne: la drogue aime faire parler d'elle. En Suisse, comme ailleurs.
Face à la banalisation de la consommation dans certains milieux — notamment festifs, mais aussi professionnels — et à la facilité d'accès aux produits, quel doit être le rôle de l'Etat? Faut-il davantage de répression ou une légalisation des stupéfiants? De tous les stupéfiants? Autant de questions que la télévision genevoise Léman Bleu a décidé de lancer lors d'un débat, qui sent la poudre. Enregistrés ce mercredi après-midi, les passes d'armes sont à voir ce mercredi à 20h ou en replay après la diffusion.
L'élément déclencheur? Un grand reportage de Blick, publié fin février: pour la première fois, un consommateur, un drug-checking et le labo toxicologique des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) avait laissé un journaliste suivre des échantillons de MDMA et de coke à la trace.
Un UDC pour la liberté de consommer
Autour de la table de la présentatrice Laetitia Guinand, et aux côtés de notre journaliste Amit Juillard, des personnalités de premier plan. Le président de l'Union démocratique du centre (UDC) vaudoise, Kevin Grangier, et l'ex-présidente socialiste de la Confédération Ruth Dreifuss donnent la réplique à Thierry Favrod-Coune, responsable de l’unité des dépendances aux HUG.
Face à l'échec des politiques répressives actuelles, Kevin Grangier défend une liberté de consommation, mais appelle à la responsabilisation des individus et pense que ce n'est pas à l'Etat d'éponger les coûts en matière de santé qu'engendrerait une légalisation. Ruth Dreifuss, qui a incarné la politique novatrice de la Suisse en matière de drogues et présidé la Commission mondiale sur les drogues, roule pour la dépénalisation de la consommation et la régulation des substances par étapes.
Qu'en dit Thierry Favrod-Coune? Le médecin spécialiste cite notamment l'exemple positif du Portugal, qui a justement dépénalisé toutes les drogues — consommer n'y est plus pénal depuis 2001 déjà. Invité permanent de cette émission — «Le PoinG», Philippe Val, ancien directeur de «Charlie Hebdo» et de France Inter, souligne, lui, que la recherche de l'ivresse est intimement liée à la condition humaine. Et que la répression n'est en tout cas pas la solution miracle.