Anna Sorokina, l'héroïne de la série Netflix «Inventing Anna», devrait s'inquiéter de l'arrivée de ce nouveau concurrent... Révélée par une enquête du média d'investigation Reflekt, en collaboration avec la «NZZ am Sonntag», l'histoire ahurissante de ce trentenaire suisse évoque étrangement celle de la célèbre Russe s'étant fait passer pour une it-girl ultra-riche durant des années.
Car tous deux sont parvenus à s'imaginer une vie complètement imaginaire, avant de la laisser prendre des proportions vertigineuses. Domicilié dans l'Oberland zurichois, Fabrice Houmard aurait inventé Global Union, une organisation internationale totalement fictive qui se dit basée à Zoug. D'après les recherches de nos confrères, il serait parvenu à berner entreprises et personnalités politiques à coups de promesses humanitaires fantasmagoriques, de dîners parmi les plus hautes sphères, d'Unes de magazines économiques et de fonctions stellaires autoproclamées.
«A Zoug règne un président que personne ne connaît en Suisse», souligne l'enquête, après des mois de recherches sur celui qui se nomme lui-même «Son Excellence». Reflekt démontre en effet que l'organisation n'existe pas: l'adresse du siège de l'entreprise serait en vérité rattachée à une société informatique zougoise et le bureau de son président se trouverait simplement... chez lui.
Des promesses d'un soutien financier qui n'arrive jamais
Nos confrères relatent de nombreuses promesses de soutien financier jamais respectées. Le trentenaire semble avoir pour habitude de contacter de grandes entreprises, dont Air Zermatt, leur promettant monts et merveilles, avant de les ghoster. Or, il s'attacherait tout de même à vanter un «partenariat» avec eux sur son site web. De nombreux «ambassadeurs» et «partenaires» renommés seraient ainsi mis en avant sans le moindre fondement.
Fabrice Houmard a refusé de répondre aux questions de Reflekt et de la «NZZ am Sonntag», tandis que ses attachés de presse ont fermement contesté les accusations.
La surveillance fédérale des fondations est sur le coup
Mais comment cette entreprise a-t-elle pu s'épanouir si longtemps? Ainsi que le précise son site, elle a été fondée en 2016 sur la base d'une collaboration avec l'Organisation internationale de protection civile (OIPC) et recevait 150'000 francs de subvention par an.
Mais l'enquête précise que tout accord s'était rompu en 2018, lorsqu'une recherche menée par la RTS avait révélé que l’OIPC présentait une «stratégie obscure», avec une forte influence russe. D'après Reflekt et la «NZZ am Sonntag», cela n'aurait pas empêché l'organisation de Fabrice Houmard de poursuivre son activité.
Nos confrères soulignent en outre que l'Autorité fédérale de surveillance des fondations (ASF) tente depuis des années de contacter Fabrice Houmard pour exiger des documents – sans le moindre succès.