Il y a des fois où l’on préférerait avoir tort. Ces derniers jours, Céline Vara se disait déjà extrêmement préoccupée par le conflit ukrainien. Sur le plan humanitaire, bien sûr, mais aussi et surtout sécuritaire: le pays abrite quatre centrales nucléaires, en plus de celle de Tchernobyl.
La Verte neuchâteloise appelait déjà la Suisse à réagir avant les événements de cette nuit où, après Tchernobyl, le monde a appris un autre nom sous forme d’épouvantail: Zaporojie.
Les craintes de l’écologiste sont partagées par les spécialistes. Dans un courrier que Blick s’est procuré, l’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) se montre très préoccupée des développements sur le terrain.
«Une menace pour tout le continent»
L’agence, centre mondial pour la coopération dans le domaine nucléaire, émet quatre doléances: elle condamne les agissements russes en Ukraine, dont la saisie de la centrale de Tchernobyl, elle émet d’immenses craintes sur la sécurité, jugeant que l’invasion russe contrevient notamment au Traité de non-prolifération en matière de nucléaire, elle appelle la Russie à cesser toute action contre les sites nucléaires en Ukraine et, enfin, demande que l’AIEA puisse surveiller de près toute la situation.
Céline Vara rappelle que c’est la première fois qu’un conflit armé a lieu près de centrales nucléaires, un danger qui n’existait pas au moment de la Seconde Guerre mondiale, par exemple. «Dès le début de l’invasion russe, je me suis dit que le risque en la matière était immense. Je ne sais pas si tout le monde s’en rend compte, mais cela affecterait durablement tout le continent et au-delà, puisque c'est un problème environnemental grave.»
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«Poutine sait ce qu'il fait»
Pour la Neuchâteloise, Vladimir Poutine n’agit pas en méconnaissance de cause. Le président russe était totalement au courant, bien avant l’intervention sur le terrain de ses soldats, de l’existence de ces sites nucléaires. Ainsi, les bombarder comme cette nuit à Zaporijia, est un risque qu’il a visiblement décidé de prendre.
Face à la détermination de l’armée russe, un communiqué de presse de l’AIEA — et même une conférence de presse prévue ce vendredi matin — semblent bien légers. Que peut-on faire, à part observer et espérer? Céline Vara assure que des solutions existent. Et la Suisse a une grande carte à jouer. «Pour moi, c’est le seul pays qui peut le faire, grâce à notre tradition des bons offices. La Suisse doit immédiatement contacter Vladimir Poutine et lui rappeler ses engagements en matière de nucléaire. Aux deux parties du conflit, d’ailleurs.»
La sénatrice écologiste estime qu’il faut impérativement, en plus de rappeler ô combien la situation est grave, se rendre sur place. «L’Agence internationale doit prendre des mesures immédiates et envoyer une délégation sur place pour prendre le contrôle de ces sites et les protéger, avec des spécialistes neutres.»
Le conflit fait rage depuis plus d’une semaine déjà. Il n'y a plus de temps à perdre pour une désescalade. «La Suisse a un rôle actif à jouer. Elle doit créer la discussion et prendre ses responsabilités. Le danger nucléaire menace toute l’humanité!»