La Poste veut fermer près d'un bureau sur cinq d'ici 2028. La semaine dernière, le service public a annoncé qu'il n'y aurait plus que 600 bureaux de poste gérés en propre d'ici quatre ans. A la place, le géant jaune mise de plus en plus sur les agences postales et les services à domicile.
Les critiques parlent d'un démantèlement du service public. David Roth, conseiller national PS et syndicaliste chez Syndicom, reproche en outre aux responsables de jouer avec des cartes truquées. Il déclare à Blick: «La Poste calcule mal le réseau postal depuis des années afin d'augmenter la légitimité des fermetures.»
Report de My Post 24 et Pickpost
David Roth justifie ce reproche par la facturation interne de produits innovants mais peu rentables comme les automates My Post 24, les points de retrait Pickpost ou le service à domicile. «Ces prestations coûtent beaucoup d'argent à La Poste. Autrefois, c'était l'unité d'affaires Logistique qui devait les payer, mais depuis quelques années, les coûts sont surtout imputés au segment RéseauPostal.»
Le conseiller national PS en veut pour preuve le rapport financier 2016, où le déficit de RéseauPostal avait presque doublé d'un coup, passant de 110 à 193 millions de francs, après que My Post 24 et Pickpost aient été transférés de l'unité logistique à RéseauPostal.
Le rapport indique à ce sujet à la page 26: «Il en résulte au final un effet négatif sur le résultat d'exploitation pour les offices de poste et la vente (ndlr: aujourd'hui RéseauPostal), Postlogistics et Postmail, et un effet positif pour Postfinance.»
La Poste conteste
En 2023, une perte de 93 millions de francs a été enregistrée pour le réseau postal. La Poste ne veut pas répondre en détail à Blick sur le montant du déficit qui aurait été enregistré si My Post 24, Pickpost et le service à domicile avaient été imputés à d'autres secteurs.
«Pour des raisons de concurrence, nous ne communiquons pas les coûts de certains produits ou points d'accès comme les automates à colis», explique un porte-parole, qui souligne toutefois: «Les plus gros facteurs de coûts de RéseauPostal sont l'augmentation des charges salariales et des taxes matérielles, combinée à une demande plus faible par rapport au réseau de filiales existant.»
Paiements de transfert internes sous clé
La «thèse» selon laquelle les automates My Post 24 et autres points d'accès grèvent exagérément le résultat de Postnetz n'est pas correcte: «Postnetz est bien sûr responsable de la planification et de l'ouverture de nouveaux points d'accès dans le réseau», explique le porte-parole. Toutefois, Postnetz refacture les coûts d'exploitation correspondants aux services logistiques.
Il n'est toutefois pas possible de vérifier comment se présente concrètement cette facture: La Poste garde également les détails à ce sujet pour elle.
En revanche, le service de presse précise, en se référant au communiqué de la semaine dernière, que le résultat financier n'est pas du tout l'argument décisif pour expliquer les «transformations» prévues dans les filiales. Il s'agit plutôt de l'adaptation des points d'accès de La Poste au comportement des clients.
Plus le déficit est important, plus il est facile de le réduire
En effet, le communiqué parle beaucoup des «besoins changeants des clients» et des «offres orientées vers l'avenir». Mais en même temps, le CEO Roberto Cirillo souligne à plusieurs reprises l'importance de «l'approvisionnement de base autofinancé».
Il est donc clair que si le déficit de Postnetz était moins important, la direction du groupe aurait beaucoup plus de difficultés à faire passer la suppression de filiales.