Encore un coup dur pour les retraités: selon les nouveaux calculs de l’Union syndicale suisse (USS), le renchérissement ne leur mangera pas moins d’une rente mensuelle entière d’ici 2024. «Notre modèle fait encore preuve de retenue dans ses calculs, précise Daniel Lampart, économiste en chef de l’USS. Mais le résultat est déjà effrayant!»
L’Union syndicale s’attend à un renchérissement de 3% cette année. Pour calculer celui des suivantes, l’économiste s’est appuyé sur les prévisions de la Banque nationale. Les prévisions semblent tout à fait plausibles. Mais il manque quand même certaines données. On ne connaît notamment pas encore l'ampleur de la prochaine augmentation des primes des caisses maladie. Les syndicats l’estiment à 7,5%, et certaines évaluations la voient même encore plus élevée.
Les retraités, laissés pour compte
Une chose est sûre: la hausse des prix frappera plus durement les retraités. Les rentes AVS ne sont adaptées au renchérissement qu’avec un certain temps de retard, et pas entièrement. De plus, le deuxième pilier ne prévoit pas forcément de compensation.
Un couple à la retraite risque ainsi de perdre, en moyenne, un pouvoir d’achat de 450 à 500 francs par mois d’ici 2024 – soit 8%. Et dans le pire des cas, les estimations prédisent qu’un mois entier de rente pourrait partir en fumée. «Les retraités sont soumis sans défense à ce changement, tonne Daniel Lampart. On ne peut reprendre le travail à 80 ans parce que la rente ne suffit pas pour vivre!» Seul salut pour la plupart des retraités: économiser encore plus. «Ce qui voudrait donc dire renoncer aux uniques choses qu’ils peuvent encore s’offrir aujourd’hui», se désole l’économiste.
Le centre-gauche va trop loin pour l'UDC
L’USS se voit ainsi confortée dans son engagement pour une 13e rente AVS. Cette initiative a abouti il y a un an. Mais Daniel Lampart veut plus: il demande de prendre des mesures rapides pour compenser cette perte de pouvoir d’achat. Les rentes des deux piliers devraient être entièrement adaptées au renchérissement, avance-t-il. Mais il ne peut pas dire si les caisses de pension y participeront. «Je crains plutôt qu’une nouvelle série de coupes ne menace», déplore-t-il.
Au Parlement, le Centre met la pression. Le parti de centre-gauche veut que des premières mesures soient prises lors de la session d’automne. «Nous ne pouvons pas laisser les personnes qui subviennent à leurs besoins avec une rente AVS se débrouiller seules face à la hausse des prix!», gronde le Valaisan Philipp Matthias Bregy, chef du groupe parlementaire. Son parti exige que les rentes AVS soient systématiquement indexées sur le renchérissement. «De plus, davantage de personnes doivent bénéficier d’une réduction des primes», ajoute le parlementaire.
Mais pour l’UDC, ces projets vont trop loin. C’est la politique de gauche qui est responsable de l’augmentation du coût de la vie, à force de tout axer sur l’État, accuse la conseillère nationale Esther Friedli. «C’est toujours pareil, même dans le domaine des retraites, grince la Saint-Galloise. Les partis de gauche veulent arroser la population avec plus d’argent, même les personnes qui n’en ont pas besoin!»
Le système des retraites repose sur trois piliers, justifie Esther Friedli. «En raison de leur parcours de vie, des retraités reçoivent des rentes trop basses pour vivre de chacun des trois piliers. Et c’est précisément pour cela que les prestations complémentaires ont été mises en place!»