Conséquence du mariage pour tous
Après la pénurie d'énergie, voici la pénurie de... spermatozoïdes

Depuis le 1er juillet, le don de sperme est ouvert aux couples de lesbiennes. Six mois plus tard, les banques croulent sous les demandes. A tel point que les réserves commence à diminuer.
Publié: 29.12.2022 à 19:43 heures
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Depuis le 1er juillet 2022, les couples de lesbiennes peuvent avoir des enfants grâce à un don de sperme.
Photo: Keystone
Thomas Müller

Après l'énergie, les matières premières et les médicaments, voilà désormais que les Suisses et les Suissesses sont confrontés à une nouvelle pénurie: celle des… spermatozoïdes.

Il y a six mois, le don de sperme a été légalisé pour les couples mariés lesbiens, en parallèle du mariage pour tous. Au sein des cliniques de fertilité, les demandes ont augmenté du jour au lendemain. «Le fait que tant de personnes prennent immédiatement la décision nous a surpris», témoigne le Dr Peter Fehr de l’OVA-IVF Clinic de Zurich.

L’affluence des derniers mois était telle que les échantillons de spermes se faisaient rares. La clinique a depuis sollicité de nombreux nouveaux donneurs, nettement plus que les années précédentes, poursuit le spécialiste. D’une part en raison de la forte demande des couples lesbiens, d’autre part en raison de leurs exigences, souligne-t-il. Environ la moitié des couples concernés souhaiteraient que les deux femmes aient un enfant du même donneur.

Des exigences différentes

Pour la clinique, cela présente des défis sur le plan logistique. En effet, des règles strictes s’appliquent: «Huit enfants au maximum peuvent naître d’un même donneur. De plus, les dons ne sont autorisés que sur cinq ans. Un donneur peut certes prolonger, mais beaucoup décident de ne pas le faire.»

Les exigences sont différentes pour les couples lesbiens et les couples hétéros: c’est ce que l’on appelle le «matching». Les deuxièmes nommés doivent choisir un donneur qui a la même couleur de cheveux, la même couleur des yeux, la même stature et le même groupe sanguin que le père.

Les couples lesbiens peuvent en revanche formuler des souhaits quant aux caractéristiques du donneur. Mais c’est tout de même la clinique qui a le dernier mot: «Les couples doivent nous faire confiance», souligne Peter Fehr. Ceux qui veulent voir une photo du donneur, connaître sa profession ou son niveau d’éducation, doivent continuer de se rendre à l’étranger.

Dans la clinique Fertisuisse à Olten, la demande de sperme est également importante. Certes, les couples lesbiens ne représentent que 5 à 10% de toutes les inséminations, mais la tendance est à la hausse, explique le Dr Anna Raggi, responsable du don de sperme. «En ce qui concerne les inséminations avec don de sperme, le nombre de couples homosexuels a même dépassé le nombre de couples hétérosexuels concernés par la stérilité masculine.»

Du partenariat au mariage

Dans certains bureaux d’Etat civil, les fonctionnaires ont également eu plus de travail que d’habitude au cours des six derniers mois. Immédiatement après l’entrée en vigueur du texte de loi, les demandes ont été sensiblement plus élevées, rapportent les autorités sollicitées. De nombreux couples ont profité de cette possibilité, mais pas tous, loin de là.

Sur 1400 partenariats enregistrés dans la ville de Zurich, seuls 250 couples environ ont décidé de franchir le pas, ce qui représente moins d’un cinquième, par exemple. A Bâle, 93 couples ont jusqu’à présent transformé leur partenariat enregistré en mariage, 37 à Lucerne.

L’entrée en vigueur du mariage pour tous permet désormais aux couples gays et lesbiens d’adopter des enfants et de bénéficier d’une naturalisation facilitée pour les conjoints. Il n’existe pas encore de chiffres à ce sujet.

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