La situation des soins en Suisse est loin d'être rose. Non seulement dans les hôpitaux, mais aussi dans les pharmacies. Depuis des mois, la Suisse connaît une pénurie massive de médicaments. Et au lieu de s'améliorer, la situation empire. «Il nous manque des centaines de médicaments sur ordonnance», se désole Enea Martinelli, pharmacien en chef du groupe hospitalier bernois FMI et vice-président de la Société suisse des pharmaciens Pharmasuisse.
Concrètement, 829 médicaments ne sont actuellement pas disponibles. Selon la société des pharmaciens, il s'agit d'un «triste record». «Nous devons répondre à un patient sur deux que le médicament dont il a besoin manque», regrette Enea Martinelli.
Pédiatrie pas épargnée
Les antihypertenseurs, les médicaments contre l'épilepsie et la maladie de Parkinson font partie des denrées rares. Et les conséquences pour les patients sont importantes: «Des thérapies entières doivent parfois être modifiées», explique le pharmacien. Rien que dans le domaine des médicaments contre les problèmes cardiaques, il manquerait environ 150 produits.
Mais les remèdes contre la fièvre et la grippe conçus pour les enfants connaissent également des pénuries. «C'est surtout maintenant, alors que le virus RS (ndlr: virus respiratoire syncytial, cause de nombreux cas de bronchiolites) sévit, que cela pèse massivement.» Selon Enea Martinelli, cette situation a également contribué à la surpopulation des hôpitaux pédiatriques.
Effet ricochet
Les raisons de la pénurie de médicaments sont diverses. «En raison de la politique zéro Covid de la Chine, de nombreuses industries pharmaceutiques étaient fermées. De plus, il y a eu des ruptures de stock où certains médicaments n'ont pas pu être emballés et n'ont donc pas pu être expédiés.»
Selon le vice-président de Pharmasuisse, les pénuries de médicaments ne sont toutefois pas un problème apparu simplement depuis la pandémie de coronavirus. Depuis 2015, il gère une base de données qui détecte le manque de produits disponibles sur ordonnance dans toute la Suisse. Malgré cela, «rien n'a été fait», déplore-t-il. «Mais maintenant, la Confédération devra enfin agir», tonne le pharmacien.