Congrès du parti
L'UDC accuse les autres partis de vouloir détruire la neutralité

Alors que la guerre fait rage en Ukraine, l'UDC, réunie en assemblée des délégués à Coire samedi, appelle à une neutralité stricte. Elle invite encore les Suisses à voter le 15 mai oui au projet Frontex, non à la loi sur la transplantation comme à celle sur le cinéma.
Publié: 09.04.2022 à 16:05 heures
De gauche à droite: Le président du parti Marco Chiesa avec les conseillers fédéraux Ueli Maurer et Guy Parmelin lors de l'assemblée des délégués de l'UDC Suisse samedi à Coire.
Photo: GIAN EHRENZELLER

Marco Chiesa accuse les autres partis de vouloir détruire la neutralité et déplore que le Conseil fédéral applique les sanctions contre la Russie, a-t-il dit samedi devant les 324 délégués de son parti réunis à Coire.

«Il est (...) regrettable que le Conseil fédéral ait cédé à la pression internationale et que la Suisse ne puisse dès lors plus faire valoir sa neutralité pour se proposer comme médiateur», a poursuivi le Tessinois. «L'UDC n'est pas complaisante face à Vladimir Poutine pour autant», a-t-il assuré.

Le Tessinois a aussi dénoncé la candidature de la Suisse au Conseil de sécurité, car selon lui, le parti pris y est «un devoir». Si la Confédération siège dans cet organe, ce sera donc «une catastrophe pour notre pays», selon lui.

Les délégués de l'UDC ont dans la foulée adopté une résolution en faveur de la neutralité armée perpétuelle de la Suisse par 303 voix contre 1. La demande émanant du président du PLR Thierry Burkart pour un «rattachement» de la Suisse à l'OTAN témoigne de l'urgence de cette exigence, selon l'UDC.

Dans cette résolution, les délégués demandent également au Conseil fédéral de proposer activement ses bons offices à la Russie et à l'Ukraine, de suggérer la Suisse comme place des négociations et de faire usage de toutes les options diplomatiques.

Enfin, l'UDC argumente encore dans ce texte en faveur du rétablissement de la capacité défensive de la Suisse. Le renforcement de l'armée est la seule manière de garantir la sécurité de la Suisse, a estimé Marco Chiesa, rappelant au passage la demande de l'UDC pour que le budget de l'armée soit augmenté d'au moins deux milliards de francs. Il est aujourd'hui de cinq milliards.

Sur l'achat des avions de combat F-35A, le Tessinois a attaqué les socialistes: «J'attends d'un parti gouvernemental qu'il défende l'armée (...) donc du PS qu'il retire immédiatement son initiative contre les avions de combat.»

Il en a fait de même sur l'approvisionnement énergétique. Favorable à la construction de centrales à gaz, le PS a rétropédalé en raison de la nécessité de stopper les importations de gaz en provenance de Russie, a souligné le président de l'UDC.

Le conseiller fédéral Guy Parmelin s'est exprimé pour sa part sur la sécurité alimentaire de la Suisse. Celle-ci est assurée pour l'heure, les liens de dépendance directs de la Suisse par rapport à l'Ukraine et la Russie étant relativement faibles.

Toujours est-il que la sécurité de l’approvisionnement mondial reste précaire. Le conseiller fédéral promet d'accorder davantage d'attention à la question de l'auto-approvisionnement. Une adaptation de la production indigène serait possible à moyen terme, mais cela ne serait pas sans conséquence, a-t-il souligné.

Les délégués se sont encore exprimés sur les trois objets soumis en votation à la mi-mai. L'UDC refuse de faciliter le don d'organes et de soutenir le cinéma suisse. Ses délégués ont approuvé en revanche le financement des gardes-frontières européens Frontex.

Par 204 voix contre 104, l'assemblée de l'UDC a approuvé samedi à Coire l'arrêté fédéral sur le financement destiné à renforcer l'agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes Frontex.

La majorité des délégués a suivi les arguments du conseiller fédéral Ueli Maurer. Le ministre UDC a invoqué la nécessité de lutter contre la criminalité organisée et de renforcer ainsi la sécurité en Suisse. Un rejet de l'objet risquerait d'entraîner l'éjection de la Suisse des accords de Schengen/Dublin, ce qui aurait pour effet une vague spectaculaire de demandes d'asile rejetées dans d'autres pays.

Par contre, les délégués de l'UDC ont rejeté, par 248 voix contre 72, la modification de la loi sur les transplantations d'organes. Ils ont suivi l'avis de la conseillère nationale thurgovienne Verena Herzog. Selon elle, des personnes mal informées qui ne souhaitent pas donner leurs organes après leur mort se les verront prélever, faute de s'y être opposés officiellement de leur vivant.

Enfin, l'assemblée des délégués a balayé sans opposition la modification de la loi sur la production de films et la culture cinématographique. Ils ont dénoncé une «taxe sur le streaming» et le quota de films suisses sur les plateformes de streaming, prévus par la loi, comme étant des mesures anti-libérales.

(ATS)

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