Rares sont ceux qui pensent à la taxe de séjour lorsqu'ils réservent leurs vacances en Suisse. Celle-ci se paie pourtant par personne et par nuit à chaque réservation d'hôtels ou d'appartements de vacances. Selon les communes, cette taxe touristique peut être très élevée et grever le budget des vacances. Mais beaucoup dénoncent un manque de transparence sur la question.
«En termes de taxes de séjour, c'est le chaos en Suisse. Les différences de prix sont extrêmement élevées», explique Adi Kolecic, de Comparis. «Même au sein d'un même canton ou même d'une commune, les hôtes ne paient pas tous le même prix.»
Au début des vacances d'été, le comparateur de prix a étudié les taxes de séjour des 80 plus grandes communes touristiques de Suisse, mesurées en nombre de nuitées en 2023. Les communes étudiées couvrent environ 70% de toutes les nuitées.
Chaque commune fixe elle-même le montant de la taxe de séjour
Selon Adi Kolecic, une chose est sûre: il n'y a pas de prescription légale dans toute la Suisse, chaque canton décidant lui-même de sa taxe de séjour. «Mais dans la plupart des cas, ce sont même les communes qui déterminent le montant exact de la taxe de séjour». Il manque une «information claire, uniforme et accessible» sur les sites touristiques: «Les clients devraient pouvoir se faire une idée de ce qu'ils devront payer en plus des frais de voyage, de restaurant et d'excursion, avant même de réserver leurs vacances.»
Avec 7 francs par personne et par nuit, les stations touristiques classiques comme Montreux (VD) et Sass-Fee (VS) ont, elles, fait de gros efforts pour leurs clients. Ainsi, si une famille de quatre personnes passe sept nuits en été dans la commune valaisanne de Saas-Fee, elle doit payer au total 196 francs de taxe de séjour.
Toutefois, la commune valaisanne fait la distinction entre taxe de séjour d'été et taxe de séjour d'hiver, laquelle s'élève à 4,50 francs. «Cela donne une taxe de séjour annuelle moyenne de 5,75 francs, ce qui fait que nous ne sommes pas la commune de Suisse avec la taxe de séjour la plus élevée», constate Matthias Supersaxo, directeur du tourisme de la commune.
Ce dernier: «Avec les transports publics inclus toute l'année dans la vallée de Saas, avec une offre de transports publics très dense et attractive, ainsi que les prestations de remontées mécaniques incluses en été (hors Metro Alpin, ndlr), le rapport coûts/bénéfices est probablement l'un des meilleurs de Suisse.»
Que financent les taxes de séjour?
Comme dans d'autres communes touristiques, les recettes de la taxe de séjour à Saas-Fee sont utilisées pour le financement et l'exploitation de l'infrastructure touristique, pour l'information des hôtes ainsi que pour les animations. D'autres communes interrogées évoquent également l'entretien des sentiers de randonnée et des pistes de ski de fond en hiver, l'entretien des aires de barbecue et l'offre de WC publics.
Parmi les communes les moins chères, les taxes de séjour ne coûtent que 1,80 franc, comme à Coire. Ces taxes avantageuses sont censées encourager le tourisme, explique le maire de Coire Urs Marti. «En raison du renchérissement, il faut toutefois s'attendre à des adaptations». Autrement dit: une augmentation de la taxe de séjour est à l'étude.
À Zoug, la taxe de séjour de 2 francs est également basse. Mais une augmentation est désormais à l'étude pour financer des projets comme la Zug Card, une carte d'hôte numérique censée rendre les transports publics gratuits, a prévenu le maire André Wicki.
Genève et le Tessin font figure d'exception
Selon l'expert de Comparis, les cantons de Genève et du Tessin restent des exceptions dans le «patchwork de taxes de séjour» suisse. Les taxes d'hôtes y sont les mêmes. À Genève, les transports publics sont en revanche gratuits pour les hôtes. Au Tessin, la «Tassa di soggiorno» pour une nuitée dans un hôtel 4 étoiles est de 4,50 francs. S'y est rajoutée une taxe de promotion de 1,70 franc dans le canton du sud. Au total, les taxes sur les hôtes s'élèvent à 6,20 francs par nuit.
Autres particularités: Zurich et l'Argovie ne connaissent pas de taxe de séjour légale. Cependant, les membres des associations hôtelières régionales prélèvent une taxe dite «City Tax». À Zurich, la taxe s'élève à 3,50 francs. Les hôtes zurichois doivent en outre débourser 29 francs par jour pour la «Zurich Card» s'ils souhaitent utiliser gratuitement les transports publics.