Le Conseil fédéral recevra en ce mois de décembre un petit cadeau volant à 103 millions de francs. Le nouvel avion des sept sages, un Bombardier Global 7500, fait des mécontents à Berne.
Des élus fédéraux de gauche comme de droite critiquent le prix de la nouvelle acquisition de la Confédération. Le timing questionne, tant la Suisse semble vouloir se serrer la ceinture. La session parlementaire d'hiver, qui débute ce lundi, doit statuer sur un budget 2025 qui s'annonce serré.
«Horriblement cher», «signal catastrophique»
Dans «Le Matin Dimanche», Jean-Luc Addor (UDC/VS) déplore un achat «horriblement cher» et un système de protection anti-missile peu utile. «Le gouvernement d’un pays neutre n’est pas une cible privilégiée, déclare le conseiller national aux journaux de Tamedia. Quant à l’argument de dire que l’avion pourrait servir à extraire des Suisses bloqués dans des zones de conflit, je n’y crois pas.»
Le conseiller aux Etats socialiste Babtiste Hurni voit dans cet achat un signal «catastrophique» au moment où «le Conseil fédéral prévoit des coupes sèches et froides dans une multitude de secteurs».
Ajout moderne à une flotte vieillissante
Ce modèle de Bombardier est l'un des plus grands avions d'affaires au monde, avec un long rayon d'action. Tout neuf, il est destiné à remplacer le vieux Cessna Citation Excel 560XL dès le printemps prochain.
Le Conseil fédéral a toujours accès à son Falcon 900EX, acheté en occasion au Prince Albert de Monaco en 2012 – pour 35 millions. La flotte de transport gouvernemental possède également un Bombardier Challenger 604, un petit biréacteur.
Le nouveau jet privé deviendrait le fleuron de la flotte de transport des forces aériennes suisses. Mais comment son prix se compare-t-il aux autres engins, parfois fameux, et aux flottes des présidents, premiers ministres et chanceliers de nos voisins européens?
Par rapport à nos voisins?
En France, le fleuron de la flotte présidentielle est un Airbus A330-200, acheté en 2010 pour presque 260 millions d'euros, soit un peu plus de 242 millions de francs aujourd'hui. Emmanuel Macron et son gouvernement disposent aussi de deux jets Falcon 7X, estimés à 50 millions d'euros l'unité. Il faut encore y ajouter quatre petits Falcon 2000 et 900 destinés aux autorités.
Du côté de l'Allemagne, le dernier achat remonte à 2019 et a coûté bonbon. Le chancelier, le président et le gouvernement disposent de trois Airbus A350-900 mis en service en 2022 et achetés pour 1,2 milliard d'euros – soit plus d'1,1 milliard de francs suisses.
L'Italie dispose de trois vieux Airbus A319, toujours en service depuis 2000. Selon la compagnie de vols privés Air Charter Service, chacun de ces trois coucous coûte 90 millions de dollars, soit un total de 239 millions de francs. Du côté des avions d'affaires, les hautes sphères du pouvoir italien disposent de trois Falcon 900 et de deux Falcon 50 de la marque française Dassault. La valeur estimée de la flotte présidentielle italienne avoisinerait 609 millions de dollars, toujours selon la firme privée.
Et l'Autriche? Le gouvernement autrichien semble n'avoir aucun avion à sa disposition. Le gouvernement serait donc invité à utiliser les lignes commerciales... ou à affréter des avions de location. Un récent voyage sur le continent africain du chancelier fédéral Karl Nehammer avait suscité des critiques. Ce seul voyage aurait coûté 170'000 euros, selon la presse autrichienne.