Le mouvement de boycott «Go European» va-t-il bientôt devenir «Go Switzerland»? Dans l'Union européenne (UE), les contributions se multiplient sur les réseaux sociaux pour dénoncer les produits américains et promouvoir des alternatives européennes.
Ici aussi des voix s'élèvent pour envisager un boycott, et certains touristes suisses rechignent également à se rendre aux Etats-Unis. L'idée serait de bannir des marques phares comme McDonald's, Nike, Netflix ou encore Apple.
Appel à la protestation
Pia Stebler fait partie de ces voix suisses qui résistent. Economiste, elle préside l'association soleuroise des PME et des artisans, qui compte plus de trois mille membres.
Sur Facebook, elle a partagé un post sur lequel on peut voir les logos de nombreuses entreprises américaines bien connues, ainsi que des services de paiement comme Paypal ou Mastercard. Sous le post, elle incite à éviter ces marques. Et elle-même fait tout pour contourner ces enseignes, comme elle nous l'explique.
Elle précise que l'idée est surtout d'envoyer un message: «Le démantèlement du libre-échange par la politique douanière arbitraire du président Trump ne doit pas être accepté sans mot dire.» Son nouvel ordinateur portable, par exemple, elle ne l’achètera pas auprès d’une entreprise technologique américaine.
L'économiste reste cependant lucide: «A court terme, notre changement de comportement en tant que consommateurs n'aura évidemment pas d'influence sur la ligne de conduite de Trump. Il faudrait déjà pour commencer que la population américaine résiste.» Pia Stebler est pourtant certaine que cette résistance finira par arriver, car ce sont les Américaines et les Américains qui finiront par subir les effets négatifs de ces taxes en fin de compte.
La conseillère nationale Elisabeth Schneider-Schneiter (Le Centre) voit dans un boycott des marques un «signe politiquement fort». Elle se demande toutefois quelle peut être l'efficacité de cette forme de résistance. «Je ne pense pas qu'un boycott soit un levier politique qui exerce une influence sur l'économie.» A en croire la centriste, le fait de ne pas consommer de produits américains a surtout une signification symbolique.
Un boycott général serait «erroné»
En privé, néanmoins, cette dernière prête une plus grande attention aux produits en provenance des Etats-Unis, «mais c'est plus par curiosité, pour conscientiser davantage d'où viennent les produits», nous confie-t-elle encore.
Interrogée, la conseillère aux Etats Franziska Roth (PS) explique: «Si une personne décide individuellement de boycotter de manière ciblée des produits de figures provocatrices comme Trump ou Musk, je trouve cela tout à fait légitime.» Elle estime toutefois qu'un boycott général des produits en provenance des Etats-Unis est «fondamentalement erroné». Comme sa collègue du Parlement, elle est d'avis que le renoncement à certaines marques relève davantage du symbole que d'autre chose et qu'il ne s'agit pas d'une réponse politique adéquate.
«Je ne renoncerais pas à mon burger»
Du côté de la droite, c'est plus mitigé: pour le conseiller national UDC Roland Rino Büchel, il est clair que chaque personne est libre d'acheter ou de boycotter les produits qu'elle souhaite, mais «un boycott de principe n'a pas de sens», précise le politicien, qui ne partage pas cette symbolique de la résistance, n'étant pas un «fan de symboles», mais plutôt un «partisan des actions concrètes.»
Ainsi, dans sa consommation personnelle, Roland Rino Büchel ne fait pas particulièrement attention aux produits américains. «Si j’étais un amateur de McDonald’s, je ne renoncerais pas à mon burger en pensant sérieusement que cela va punir Trump.»